Albin de la Simone, Homme sweet Homme
Un Homme est le quatrième album d’une homme très occupé mais pas pressé (Bungalow ! le précédent est sorti en 2008). Albin de la Simone égrène les collaborations comme musicien, arrangeur, réalisateur, auprès de Vanessa Paradis, JP Nataf, Arthur H, Souchon, Boogaerts, Iggy Pop, Salif Keïta, entre autres. Sans compter.
Un album à point nommé, à griffonner, à feuilleter. Il y a consigné soigneusement et au quotidien ses pensées durant sa résidence au Centquatre, jeté autant sinon plus à la corbeille. Pensées sans cesse retravaillées, ciselées, devenues chansons pêle-mêle fragiles, introspectives, lucides : qu’est-ce un homme ? La question est lourde ; en chantant, les réponses sont légèrement graves. Un homme, quoi de plus normal coincé entre les murs de sa maison, les faux plafonds, les faux-semblants et "un futur en questions". Un homme dans tous ses états de constance et d’inconstance, enfant, parent, ami, amant. Un homme sincère, droit, lâche, doux mais pas mièvre - ce que l’on nomme la douce ironie -, épris et pétri de gamberges... Comme les textes entre autobiographie et romanesques, plus intime et douce est la musique, un noyau calme et sensible, rehaussé par les influences multiples et arrangements subtils où l’on retrouve Alexandre Tharaud, pianiste classique, JP Nataf aux chœurs et à la guitare, Emiliana Torrini (sur le duo "Moi Moi"), en passant par un ensemble à cordes notamment sur la très belle "Elle s’endort".
Un Homme, c’est un indispensable album de chansons qui sous-entend bien ce "si ça tient" de la vie, dit en creux un équilibre entre certitudes qui s’écroulent et doutes qui demeurent, le grand ballet des (dés)illusions, construit autour de la voix "pas baraquée" et des mélodies soignées de son auteur, taillé dans un costume sur mesure qui met en valeur le propos d’un auteur compositeur interprète élégant, rare et inspiré, venu à la chanson sur le tard et qui s’y installera désormais sans aucun doute et sans rougir entre Souchon et Sheller, ici et demain. |