Solo poétique d'après l’œuvre de Rainer Maria Rilke conçu par Jérémie Sonntag et Florian Goetz, dispensé par Jérémie Sonntag dans une mise en scène de Florian Goetz.
Rilke, poëte, miroir d’un Kafka à lyre, poëte allemand, romantique, mortifère, sublime…
Terzieff a lu Rilke, inoubliable, mots de l’abîme, figure de nuit, loin, traduisant la traduction de ses yeux écarquillés, sans moyens, frêle, vaincu et victorieux.
Jérémie Sonntag, courageux jeune homme aux longs bras qui enlacent le vide, simplement vêtu d’un maillot de corps blanc, d’un pantalon de surplus de l’armée et de brodequins, la diction claire, le cœur lourd, la bouche qui voudrait sourire, le souvenir carnassier, entre, avec conviction, dans la gangue du poëte, presque tremblant mais défiant les forces mauvaises qui traversent son crâne, son cerveau, chez elles, chauve-souris idées, ricanantes, effroyables.
On retrouve les feuilles des "Cahiers de Malte Laurids Brigge",( sublimement mis en scène, récemment, avec Bérengère
Le jeune homme trop émotif, cherchant la sympathie d’autrui, le regard de fraternité, jamais offert, c’est Sonntag, c’est Rilke, c’est là, dans l’émotion des mots et des silences.
La poésie n’est bien servie que par la jeunesse et tous les vieux crabes qui l’ensanglantent de leurs pinces devraient être passés par les armes, ou par les larmes, mais on ne le fera pas !
Dommage toutefois que, par volonté de toucher un public contemporain, la technique impose sa lourdeur, ses micros-brosses à dents, sa vidéo- lampe de chevet. C’est inutile, déjà dépassé.
Jérémie Sonntag ressent, fait ressentir, il est juste et c’est assez et c’est remarquable. Florian Goetz assure une mise en scène techno, non sans justesse, avec de belles intentions. Son comédien tient la route. La langue est si belle (même traduite).
Rilke aime sûrement. |