L'homme au grand charisme de la chanson française est de passage dans le théâtre niçois portant le nom de l'homme au grand charisme du cinéma. Dominique A, en tournée depuis début 2012 pour son album Vers Les Lueurs, apporte ce soir la lumière de sa musique dans l'obscurité de la salle du théâtre Lino Ventura à Nice.
Nous découvrons en première partie Benjamin Fincher, artiste multi-instrumentiste suivi de près par Panda06, association de production d'artistes et d'évènements de la région niçoise.
Semblant dévoiler le plus profond de son être, l'univers intime de cet artiste, accompagné d'une violoncelliste et d'un batteur, s'oriente vers une pop-symphonique rythmée par des sonorités saturés et d'une subtile électro.
Le public ne semble pas réellement investi par l'intensité résolument déployée sur scène, les avis ont tendance à se partager mais convergent lors des passages en apesanteurs où le chant, au timbre similaire à Thom Yorke, se marie avec élégance avec le violoncelle s'exprimant toute en volupté.
Ce qui est certain au terme de cette prestation est la volonté pour Benjamin Fincher d'exploiter son art à en souffler la matière vivante de son âme.
C'est donc plutôt intrigué que le public se retrouve après cette première partie pour patienter, ou plutôt s'impatienter, de l'arrivée imminente de Dominique A.
Dans la plus grande simplicité, Dominique A s'installe sur scène avec ses musiciens, et pourtant déjà, les lieux semblent habités de sa prestence.
La setlist commence principalement avec des morceaux en douceur tirés du nouvel album où on découvre, re-découvre, le sensuel trémolo dans la voix de Dominique A notamment sur "Ostinato" et les textes autant énigmatiques que bien ficelés.
Puis viennent assez rapidement des morceaux plus pêchus ("Close West"), et par la suite ce seront les montagnes russes des moments en apesanteur et de ceux résolument rocks. Sur scène, Dominique A invite à emprunter un bout de chemin de son univers existentiel dont les sonorités créent un tableau dont chacun en colore la toile.
Au même titre qu'un toréador, Dominique A s'empare d'une gestuelle tranchante mais sensuelle, semblant défier et dompter sa musique. Dans un tout autre style, le bassiste Jeff Hallam, accompagnant également Robi, se dandine et offre une chorégraphie en déhanchements tout au long du concert, et lorsqu'il s'empare de sa contrebasse celle-ci devient véritablement son partenaire de danse en se voyant tournée sur elle-même, caressée, balancée.
Le public est d'autant plus happé par l'univers de Dominique A grâce au jeu de lumière, magnifique et d'une précision remarquable, avec des plateaux de spots surplombant chacun des musiciens et des variations de couleurs donnant une température adaptée à tout instant.
Les morceaux ne sont que rarement repris à l'identique des enregistrements studio, ainsi "Le Courage Des Oiseaux" s'empare de toute l'énergie présente pour nous offrir une montée qui prendra aux tripes.
Lors du rappel, le public ne peut rester assis et se met à danser en couple ou seuls, mais toujours en communion avec l'atmosphère instaurée sur "Le Twenty Two Bar".
Ce sera sur "Les Hauts Quartiers De Peine" que se clôturera le deuxième rappel après pas loin de deux heures de concerts, ce qui confirme une fois de plus que les apparitions sur scène de Dominique A sont à l'image de lui-même : authentiques, sincères et généreuses, pour notre plus grand plaisir.
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