C'est dans son petit appart' d'étudiant en porte
de Paris, que je retrouve Ben, guitariste
du groupe punk-hardcore d'Orléans Gravity
Slaves, pour quelques questions autour d'une bière,
une compil Burning Heart résonnant
sur la platine.
L'occasion de parler avec lui de leur 1er album, Come
down, qui sort en novembre chez The age of Venus et du départ
de leur chanteur, Julien.
Tout d'abord peux-tu nous présenter Gravity
Slaves: formation, débuts, évolution?
Ben : Alors les débuts c'était en
95, ils étaient 4 parce que je n'étais pas encore
dans le groupe. On a commencé un peu comme tous les groupes,
on n'était pas vieux et on a fait de la zic. On arrive en
2004, à 4 de nouveau, car Julien notre chanteur vient de
nous quitter récemment pour des raisons personnelles. C'est
dommage mais ça continue quand même, on prend le mic
et on enchaîne.
Sur le son de Gravity, moi je suis arrivé
il y a 3 ans et le son avait déjà pas mal changé
parce qu'au début c'était vachement hardcore mélo
dans la lignée de Seven Hate, Burning, Unlogistic, fan de
Bad Religion et tous ces groupes un peu Fat Wreck et compagnie.
Après ça on a pas mal évolué avec de
nouvelles influences comme la vague Portello Bones, Sleepers et
compagnie. On a pris quelques grosses claques comme Refused, At
The Drive In et on s'en prend encore mais moins maintenant, c'est
ce qu'on se disait l'autre fois. On aime bien Mars Volta, The Bronx
des trucs comme ça mais on est un peu sur notre faim en rock
en ce moment.
Rentrons dans le vif du sujet. Vous venez de sortir
"Come down" votre 1er album, tu peux nous en parler un
peu?
Ben : C'est un 12 titres enregistré entre
janvier et février au studio Nyima. P.E de Nerdes Experiences
nous a enregistré avec Samprass de Burning (ndlr: Pierre,
gratte-chant). En gros P.E était plus à la technique
et à la structure des morceaux dans le sens carré
du terme et Samprass plus à la justesse et à l'idée,
à l'artistique quoi. Le skeud sort sur "The age of Venus",
label Nantais de Right 4 Life, Murphy's Law, Jetsex.... Donc merci
à eux de nous faire confiance et de défendre le produit.
Le cd est bien beau, on a 2 personnes qui ont bossé sur l'artwork
et j'en parle parce que je trouve ça important. Ça
sort en novembre, il y a 3 vidéos dessus et puis je pense
que ça ne sera pas vendu super cher, normalement 13 €.
Vous avez sorti quelques démos, un album
autoproduit "Choice", vous avez collaboré à
pas mal de compils, pourquoi attendre 9 ans pour sortir un 1er album
digne de ce nom?
Ben : La technique manquait et on n'avait pas envie
de brûler les étapes. On a toujours été
plutôt sincère face à notre musique, je résumerai
ça comme ça. On n'avait jamais vraiment de plan, jamais
vraiment l'envie de dépenser beaucoup pour faire un produit
moyen. On en a vu des groupes faire des trucs comme ça, il
y en a partout. On n'avait pas envie de se vautrer pour rien et
on préférait apprendre à enregistrer nous même
comme "Choice" le skeud d'avant qu'on a autoproduit. On
l'a fait nous même, on a démarché pour trouver
un label, comme quoi au bout d'un moment tu commences à l'acquérir
la technique. On est un peu indé dans ce délire là.
Là, le moment était venu de faire
un album, avec "Choice" pas mal de gens nous avaient dit
"c’est cool les compos sont là, y'a d'la niak
mais maintenant ça s'rait bien d'enregistrer un vrai truc
dans un vrai studio histoire que tu puisses mettre du son sur ta
chaîne". Après on a eu la proposition de P.E,
Samprass était chaud donc on a pris 10 jours, plus 15 en
fait mais 10 au niveau de la facturation. Donc oui c'est vraiment
l'envie de ne pas brûler les étapes, il y a toujours
une espèce de sincérité, ça doit être
le côté punk qui veut ça. J’ne suis pas
le meilleur gars pour répondre à ça parce que
je suis là depuis le moins longtemps, mais les connaissant
depuis les débuts, je pense que c'est ça. Pas de prises
de têtes, juste envie de faire un truc sans avoir les chevilles
qui enflent et les oreilles qui s'éloignent.
Vous l'avez donc enregistré avec Pierre
des Burning Heads entre autre, ce sont un peu comme des grands frères
pour vous dans le monde de la musique?
Ben : Ouais des grands frères...venant d'Orléans
Burning c'est un peu une institution. Je ne sais pas si les gens
se rendent compte, mais c'est vachement connu à Orléans,
même les gens qui n'écoutent pas cette musique connaissent.
Maintenant grands frères plus vraiment, ce sont des amis.
C'est clair que ça a fait partie de nos influences, ils nous
ont appris plein de trucs, ils nous emmènent avec eux et
ils continuent à nous apprendre plein de choses. C'est vrai
que c'est un peu fraternel dans le délire transmission du
savoir. On est super reconnaissant de tout ce qu'ils font pour nous,
ils aiment vraiment notre musique et on a toujours aimé la
leur.
Mais ça n'a jamais été un
acquis dans notre musique et on se détache de plus en plus
de Burning dans la musique je pense. Comme presque 1 groupe sur
4 à Orléans qui fait du punk-mélo ça
a été une référence, c'est comme à
Bordeaux les groupes sont soit dans la voix de Noir Désir
soit de Sleepers et entre les deux tu n'as pas grand-chose. C'est
comme ça dans beaucoup de grandes villes.
Musicalement "Come down" semble très
marqué par le punk-hardcore genre At the drive in, Refused,
Portello Bones. Vous soutenez les comparaisons?
Ben : Oui carrément. Quoi qu'il arrive,
et je ne pense pas que ce soit hautain de dire ça, y'a une
manière de composer qui est là et qui nous colle un
peu, il y a une personnalité dans Gravity je pense. Mais
c'est vrai que c'est que des groupes qu'on a adoré et écouté
et ça se ressent, même nous des fois on sent qu'il
y a des ambiances qui font très ATDI, mais on a aucun souci
là-dessus. Je préfère avoir ça comme
influence que Kyo ou Kinito (rires).
Moi j'écoute à donf Fugazi (et j'ai
un coloc qui en écoute beaucoup aussi) et toute la school
un peu Dischord. Le post-rock, des groupes comme Hot Little Rocket.
J'prends ma claque avec Every Time I Die (ndlr: approbation personnelle)
comme tout le monde dans le groupe en ce moment. J'aime l'électro,
le hip-hop (La Rumeur dont je défends le projet parce que
la liberté d'expression me tient à coeur)...
Mini scoop donc, votre chanteur vous quitte. Peut-on
savoir pourquoi et comment va évoluer le line up maintenant?
Ben : Y'a pas eu d'embrouilles ou quoi que ce soit,
mais Coco il s'fait vieux et il ne se sentait plus la motiv' de
continuer. Il se pose des questions sur sa vie et nous on n’a
jamais eu envie de se poser plus de questions que ça sur
le groupe. C'est une question de niak, moi je redescends tous les
week-end, c'est 2 répèts par week-end, on voit tous
pas beaucoup nos chéries mais voilà on le sait, c'est
comme ça. Julien ne se sentait plus trop d'attaque. C'est
dommage parce qu'il ne défendra pas le skeud sur scène,
mais à l'arrivée c'est aussi bien, parce que s'il
n'est plus motivé ça ne sert à rien de continuer.
C'est quelque chose qu'il savait avant d'enregistrer
l'album?
Ben : Non c'est tout récent, ça date
de cet été. Donc moi qui ne chantais pas j'ai repris
les choeurs avec mes deux acolytes, Nico (gratte) et Guillaume (basse)
qui eux font plus les parties chantées (Nico les mélodies
et Dudu quand il faut que ça envoie). On va se démerder
comme ça.
Vous n'allez pas chercher un nouveau chanteur?
Ben : Y'a quelques personnes qui nous ont parlé
de reprendre le truc, mais on veut déjà savoir le
faire nous même. C'est con on n'a pas l'air de punks comme
ça, mais on réfléchit comme ça. On va
d'abord le faire nous même et après on verra, on essaiera
sûrement quelqu'un d'autre oui.
Vous avez prévu une tournée pour
défendre cet album? Région Centre?
Ben : On n'a encore rien calé parce qu'on
a des problèmes avec notre chanteur qui se casse et qui s'occupait
de tout ça justement, mais oui on a quelques dates de prévu
comme Clermont Ferrand, Annecy, La Rochelle. Une dizaine de dates
jusqu'à décembre, pas mal en 2005, là on bosse
sur janvier/février/mars 2005. Pour la région Centre
on aura Tours, Orléans et Nogent-le-Rotrou pour l'instant.
Pour finir, quel va être le futur du groupe?
Vous avez déjà des morceaux pour un prochain album?
Ben : Oui, malgré le fait que notre chanteur
ait un peu déserté le
local de répèt cet été, on a 4 morceaux
qui attendent et je pense qu'on va en refaire assez rapidement.
On se prépare pour le prochain, on commence à poser
des voix et ce genre de trucs. La vie ne s'arrête pas là,
loin de là.
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