Spectacle de music-hall conçu et mis en scène par Macha Makeïeff, interprété par Braulio Bandeira, Philippe Borecek, Romuald Bruneau, Noëlie Giraud, Robert Horn, Hervé Lassince, Canaan Marguerite et Aurélien Mussard.
Macha Makeïeff inaugure sa prise de fonction à la direction du Théâtre de la Criée à Marseille avec un spectacle qui rend hommage au music-hall de la Belle Epoque et des Années folles et à ses protagonistes obscurs et anonymes, qui ont pratiqué pour le plaisir des spectateurs sans passer à la postérité.
Avec "Les Apaches", évocation des malfrats parisiens des années folles dont la reine Casque d'or a été immortalisée par le cinéaste Jacques Decker, elle invite le spectateur à pousser la porte d'un vieux music-hall désaffecté qui menace ruine pour réveiller les fantômes des artistes à la petite semaine qui ont donné leur lettre de noblesse à un genre aujourd'hui disparu, celui du spectacle populaire de divertissement qui du caf'conc' au cabaret en passant par la revue à deux sous.
Le spectacle repose sur le principe de la succession de numéros hétéroclites qui régissait ce genre et les fondamentaux de Macha Makeïeff qui tiennent à son affection pour les artistes de second ordre qui s'évertuent à gagner leur pitance par la pratique chaotique d'un art mal maîtrisé et à l'éloge de la maladresse et du ratage.
Pour dispenser cette partition composite quasiment sans paroles au rythme trépidant des 16 images seconde du cinéma muet, Macha Makeïeff a constitué une troupe virtuose pour maîtriser, dans une choralité sans faille, l'art de la pantomime, la vélocité des enchaînements et l'interprétation de l'impéritie chronique.
Sur scène, sous le regard éméché d'une figure de Raspoutine de l'accordéon (l'accordéoniste de concert Philippe Borecek), trois comédiens (Canaan Marguerite, Noëlie Giraud et Hervé Lassince), deux acrobates (les circassiens Aurélien Mussard et Romuald Bruneau), un chanteur lyrique et crooner (Robert Horn) et un performer (Braulio Bandeira) réalisent une véritable performance physique.
Dans un synchronisme parfait, les numéros, de cirque, de magie, de ventriloquie, alternent, entre autres, avec les rixes des protagonistes qui se disputent la scène, l'humoriste débiteur de blagues qui ne font rire personne et les tableaux musicaux célébrant la comédie musicale avec son ballet des tapettes à mouche, et la revue avec le lever de jambes des girls et le clone gay de Joséphine Baker.
Cet hommage vivant au divertissement simple et populaire d'autrefois est jubilatoire et néanmoins pétri de poésie mélancolique comme la fleur séchée qui s'échappe d'un album de photos anciennes. Et pourtant le show go on.
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