Premiers accords en trip-hop, premiers éraillements masculins "nouvelle fraîche / au coin du jour / on s’en va". C’est Laurent Lamarca, premier album : Nouvelle Fraîche.
Après une carrière de chanteur de punk (si si !) dans le groupe XX Mariani, il décide de se consacrer un peu plus au côté sensible de la force (ça devrait lui manquer), d’écrire plus intime, avec une guitare et sa voix d’écorché, ça devrait le faire. En effet, maléfiquement romantique, en français nostalgique et tout en fougue retenue, un bourreau des cœurs, un indomptable Dom Juan à faire chavirer les moins authentiques, le personnage bohème aux yeux rêveurs : Laurent Lamarca. Et voilà, j’ai craqué, nous sommes perdus !
L’album oscille doucement à la douceur de la brise folk-chanson-pop, avec une pointe d’électro ("Garçon sauvage"), pas trop pour ne pas pointer dans le ringard, mais juste assez pour accéder au Panthéon des talentueux chanteurs de belles histoires, un genre de Cabrel sans l’accent ou un Souchon propre (je me suis toujours demandée s’il avait connaissance de l’existence du démêlant après-shampoing) mais avec la barbe de trois jours et une chemise à carreaux (accessoires des jeunes mélancoliques avides de création et de futurs meilleurs).
D’une histoire de rupture ("Céline"), de poètes amoureux ("Little Rimbaud"), de départ et voyage ("J’ai laissé derrière moi"), de nostalgie ("Belleville"), de femmes ("Venus"), Laurent Lamarca parle avec son cœur, les sentiments, les ressentis, les passions, les larmes… Il chante ces petites choses qui s’embrouillent dans nos âmes et dont nous ne savons pas parler, il suit les fils des fleuves de nos cœurs (et du sien) pour fabriquer de jolis poèmes en mots doux.
Je reviens malgré moi au visuel de la galette, notre Ripley séducteur est assis sur le bord d’un lit de pensionnaire (un certain monsieur Canari), un de ces lits en fer forgé avec grille tête-bêche, un vieux matelas qui en a vu d’autres, le tout les pieds dans l’eau. Pas besoin de Freud pour comprendre le lien passé/futur où la vie serait un long chemin, où nous serions des barques voguant au fil de l’eau changeante au gré des émotions. |