Comédie dramatique de Nicoleta Esinencu, Mihai Fusu et Dumitru Crudu, mise en scène de Nathalie Pivain, avec Céline Barcq, Frédéric Gustaedt, Salomé Richez et Nathalie Pivain.
Dans le cadre d'un théâtre d'engagement, Nathalie Pivain aborde le scandale du trafic d'êtres humains et, plus particulièrement, celui de la traite des femmes et de l'esclavage sexuel dans un contexte spécifique celui à destination des troupes de pacification de l'ONU dans les pays en guerre.
Lui aussi "vieux comme le monde", les femmes étant les premières victimes de la pauvreté et de la guerre, le problème intemporel et universel des "bordels militaires" participe, du fait du nombre des conflits armés contemporains, de l'explosion de la prostitution comme une source de profit rentable et peu risquée pour le crime organisé.
Nathalie Pivain porte sur scène, une partition élaborée par les dramaturges Nicoleta Esinencu, Mihai Fusu et Dumitru Crudu qui, à partir de faits réels et du témoignage de rescapées, aborde l'ampleur de cette tragédie dans leur pays, la Moldavie, le pays le plus pauvre d'Europe situé entre la Roumanie et l'Ukraine, devenu, suite à la guerre des Balkans, la plaque tournante du trafic.
Adolescentes vendues par leurs parents, jeunes filles naïves qui croient en l'eldorado, femmes bernées espérant sortir de la misère, elles représentent 65% des victimes recensées dans les pays de l’ancien bloc soviétique.
Enlevées, transportées comme du bétail, vendues comme des marchandises, violentées et avilies, elles alimentent les "kafanas", bars fréquentés notamment par les militaires des forces de l'OTAN avec la "tolérance" des instances internationales soucieuses du "moral des troupes". Inscrit dans le registre du théâtre documentaire,
"Le Septième Kafana", inscrit dans le registre du théâtre documentaire et mis en scène avec rigueur par Nathalie Pivain, dénonce ce "sous-produit de l'intervention humanitaire" et la passivité coupable des institutions internationales dénoncée à la fin des années 2000 par Amnesty International.
Sur le plateau, dans un décor de fin de fête délétère avec bouteilles vides et cotillons piétinés, des présences. Un homme, à la présence lourde, triviale, imprévisible, équivoque, perverse, figure protéiforme à laquelle Frédéric Gustaedt donne une remarquable densité.
Et deux comédiennes sensibles, Salomé Richez et Céline Barcq portent les bribes de récits de femmes qui ne sont pas encore dans une phase d'oralisation résiliente mais dans l'évocation d'un enfer qui les a détruites au point d'en faire des ombres errantes qui espèrent, peut-être, plus que notre compassion. |