Organisée par la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais, l’exposition "Dynamo - Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art, 1913-2013" porte le projet ambitieux d'une rétrospective de l'art de la lumière et du mouvement.
Le choix de la rétrospective et d'une monstration formelle implique pour le visiteur qui n'est pas un amateur éclairé de faire précéder sa venue d'une révision de l'histoire de l'art.
Car conçue sous le commissariat général de Serge Lemoine, professeur émérite de l'université Paris V et ancien directeur du Musée d'Orsay, avec la collaboration des historiens d'art Matthieu Poirier, Domitille d’Orgeval et Marianne Le Pommeré, elle investit l'ensemble des salles du Grand Palais, soit près de 4 000 m² sur deux niveaux, avec un nombre impressionnant d'oeuvres.
Des oeuvres dont la genèse, comme l'indique Serge Lemoine, tient en une action décisive, celle qui a consisté à l'abandon de la représentation de la lumière et du mouvement pour "se servir de la lumière elle-même et (à) intégrer le mouvement dans la conception même de l'oeuvre".
Dynamo : attention les yeux !
Articulée autour d'une oeuvre de Xavier Veilhan conçue tout spécialement pour le Grand Palais, un gigantesque mobile suspendu dans l'escalier monumental, et introduite par l'installation atmosphérique "Cloud Installation # 07156" de Fujiko Nakaya sur la fontaine du square Jean Perrin, un voile de brouillard pulvérisé par des brumisateurs d'eau destiné à susciter "une impression d'évanescence", l'exposition se déploie selon deux lignes de force : un parcours chronologique à rebours, des contemporains aux pionniers précurseurs, et un parcours formel autour des thèmes plastiques et visuels organisés en deux sections Vision et Espace.
Elle raconte l'histoire de l'art lumino-cinétique comme un retour vers le futur en commençant par
les artistes contemporains pour s'achever avec les figures tutélaires que sont
notamment František Kupka ("Traits,plans, espace III"), Bruno Munari ("Macchina inutile aste"), Giacomo Balla ("Compenetrazione iridiscente n°13"), Robert Delaunay ("Soleil n°2"), Alexander Calder ("Les boucliers"), Alexander Rodtchenko, et Marcel Duchamp, qui ont travaillé sur la réalité revue par le prisme de l'abstraction, du dynamisme et de l'immatérialité.
Entre temps, le visiteur, sans s'astreindre à un contraignant parcours stakhanoviste pourra procéder de manière déambulatoire et synthétique par découverte et/ou appariement des oeuvres induits par leur vaste registre esthétique.
Ainsi, sera-t-il interpelé par la vitalité du mouvement historique qu'est le cinétisme sud-américain des années 60 avec Julio Le Parc, Lygia Clark, Carlos Cruz-Diez (")
qui propose avec "Chromosaturation" une intense immersion chromatique alors que le."Pénétrable BBL Bleu" de Jesus Rafael Soto invite à une expérience tactile.
L'expérience sensorielle constitue une des vecteurs du lumino-cinétisme et il ne faut pas rater la reconstitution du "Labyrinthe" créé en 1963 pour la Biennale de Paris par le collectif d’artistes du GRAV, le
Groupe de recherche d’art visuel formé par Horacio Garcia Rossi, Julio Le Parc, François Morellet, Francisco Sobrino, Joël Stein et Yvaral, composé d'un enchainement de plusieurs cellules soumettant le visiteur à différentes perturbations spatio-visuelles.
Ces perturbations se déclinent selon des modalités variées à l'instar de la modification de l'espace avec les jeux de miroir
usités par Anish Kapoor Robert Smithson ("The Eliminator") et Timo Nasseri (" Epistrophy # 7") Anish Kapoor ("Islamic Mirror").
Les oeuvres cinétiques jouent sur les trois dimensions pour modifier l'aspect tels les reliefs de Yaacov Agam et de Paul Talmann.
Mais également effets d'optique.
En deux dimensions et en noir et blanc avec Philippe Decrauzat ("Sans titre") et le mur consacré aux cibles peintes de John Tremblay etr Julio Le Parc ("Trame en mouvement virtuel") et Joel Stein ("Anamorphose").
Ou en couleur
chez Ruppert Geiger ("563/69"), Ugo Rondinone ("Achtundz..") et Peter Sedgley ("Light Pulse") qui jouent sur les cercles concentriques.
L'expérimentation passe également par l'utilisation de matérieux nouveaux au rang desquels le nouveau médium qu'est le tuibe fluorescent se taille la part du lion. Le néon connaît alors son heure de gloire avec les incontournables vétérans que sont Bruce Nauman, John Armleder, ou Dan Flavin ("Untitled - Tto you, Heiner, with Admiration and Affection")
et Stephen Antonakos ("Hanging Neon") et un succès non démenti auprès des plasticiens contemporains.
Après ce court aperçu, à chacun de suivre son inspiration pour prendre les chemins de traverse d'une exposition artistique aux allures de périple multisensoriel qui en fait voir de toutes les couleurs. |