Avec plus d'une vingtaine de romans mettant en scène un duo de choc composé de Milo Sturgis, un colosse officier de police, homosexuel et intelligent, ce qui n'est pas incompatible, et Alex Delaware, psychologue pour enfants et consultant auprès du département de police de Los Angeles, Jonathan Kellerman s'est bâti une belle réputation dans le genre du roman policier.
Ceux qui sont fans de leurs aventures seront sans doute déçus par ce dernier opus en date qui n'est sans doute pas celui à conseiller aux néophytes pour vérifier le bien-fondé de la notoriété de l'auteur.
Et contrairement à ce qui est indiqué en quatrième de couverture, "Double meurtre de Borodi Lane" ne ressort pas au thriller psychologique mais, à l'aune de son titre, du classique roman d'enquête avec une intrigue éculée qui se révèle sans grand intérêt et des personnages dépourvus d'épaisseur psychologique et, de surcroît, du roman d'enquête poussif, car le binôme ne semble pas au mieux de sa forme.
Réduit à la portion congrue, Alex Delaware fait de la figuration, le consultant en psychologie virant à la petite main de service, et Milo Sturgis se trouve confronté à une légère déprime qui, si elle n'altère pas sa préoccupation première qui consiste à la copieuse alimentation de son estomac, lui grippe les neurones au point où plus d'un tiers de l'opus est consacré à un pédalage dans la semoule pour l'identification des victimes.
Des victimes retrouvées mortes en position post-coïtale dans le chantier abandonné d'une somptueuse villa de Los Angeles dont la découverte de l'identité soigneusement protégée du propriétaire va occuper le second tiers du roman. Il faut préciser qu'il ne s'agit pas du vulgum pecus mais d'un stéréotype qui tient actuellement le haut du pavé, celui du "riche arabe" encore qu'en l'espèce il ne s'agit pas d'un émir quatari mais d'un sultan indonésien.
Qui dit arabe et argent dit terrorisme mais Jonathan déraie sur l'écoterrorisme qui se trouve au vrai faux centre de l'intrigue, et laisse espérer un troisième tiers temps musclé, mais qui se dénoue tel se dégonfle un ballon de baudruche.
Bon, ce n'est pas grave : il n'y a pas mort d'homme chez le lecteur qui peut piocher dans les 23 précédentes aventures de Milo et Alex. |