Comédie dramatique de Hippolyte Wouters, mise en scène de Cyrielle Clair, avec Cyrielle Clair, Pauline Macia, Sacha Petronijevic et Sylvain Clama.
Ah, l’exquise Ninon de Lenclos, l’archétype de l’aristocrate flamboyante, fusant d’esprit et d’à-propos, grande aventurière de l’Amour et d’abord dame tenant un des salons les plus raffinés du XVIIème siècle, lieu de rendez-vous des grands hommes du temps !
Qui, pour incarner la sublime Ninon qu’une des plus talentueuses comédiennes françaises, Cyrielle Clair, aussi à l’aise avec Obaldia qu’avec la fantaisie, passante du Français, où elle triompha, une des plus jolies femmes de Paris et une actrice sensible et infiniment douée ?
La gent masculine est sous le charme : Cyrielle Clair danse, virevolte, respire l’intelligence et la vivacité. Ses robes sont somptueuses, ses apparitions rêves obsédants pour l’avenir.
Le texte d’Hippolyte Wouters est amusant, sucré, en vers et pour tous, laissant l’unique regret de trop forcer sur le côté amazone du personnage en négligeant l’intellectuelle brillante et la passionnée des hommes qu’elle fut ensemble. L’auteur, qui avoue être un "féministe pur et dur" (ah oui ?) a créé des personnages d’hommes passablement ridicules, ce qui est regrettable et pesant.
Louis XIV - également l’abbé des dernières confessions - est pourtant incarné par un comédien brillant, Sacha Pétronijevic, qui, comme toujours, sauve la mise, tandis que c’est beaucoup plus difficile pour Sylvain Clama dont le rôle, niais, est des plus ingrat. Madame de Maintenon, c’est Pauline Macia qui n’a qu’une note à jouer, celle de la bigoterie, et elle mérite mieux.
Mais il y a Cyrielle Clair, comme on dirait : "Mais il y a une étoile". C’est pur bonheur, sans partage, que de la voir, déguisée en vieille dame, puis éternelle beauté de lys, courant à travers l’Age d’or français, avec sa voix, son charisme irréel.
Cyrielle Clair est terriblement aristocratique, comédienne à part, célèbre et rare, vraie nature de théâtre et vraie nature humaine. On ne peut résister à son charme, à son talent et monsieur Wouters a bien de la chance d’avoir une telle "Ninon".
Et le public de vivre une telle rencontre. |