Obscure, ténébreux et créatif, Jean-Benoît Dunckel vous a déjà fait frissonner avec le duo de Air. Avec Tomorrow's World, on ne parle évidemment pas d'un projet orbitale de Air mais d'une fusion de J.B. Dunckel avec Lou Hayter, membre de The New Shins et New Young Pony Club, délivrant une darkwave dans l'abondance de sensualité.
A travers une complicité avérée, cette collaboration n'a été que très naturelle, telle une évidence pour ce duo qui sort un premier album éponyme enregistré dans les locaux de Air aux détours de tournées de l'un et de l'autre. Empruntant chacun des aspects de la dualité homme/femme, ils parviennent rapidement à trouver une sonorité qui leur est propre, dans un travail de composition associant leurs émotions.
La patte de Jean-Benoît Dunckel est reconnaissable, fidèle à lui-même, avec des sons et des variations rappelant Air. Mais l'atmosphère en est toute autre, la grâce de Lou s'associe à la nébulosité d'une musique sombre, frôlant les abîmes du krautrock sur "So Long My Love" ou encore "Catch Me".
Le tempo est souvent flâneur comme pour instaurer cette ambiance dark ("A Heart That Beats Me", "Think Of Me"), le chant de Lou y est très langoureux, voire nonchalant, ce qui parfois peut amener à se lasser de l'écoute, mais l'espace sonore s'imprègne de cette musique hypnotique. L'envoûtement est certain, les basses résonnent dans la peau, les voix planent sur l'électro feutrée, notre corps semble régi par la rythmique ensorcelante du morceau "Inside".
Tomorrow's World s'investit d'un présage sur un monde de demain aux allures sombres, esthétique mise en avant sur cet album intriguant sans être déroutant, dont on se laisse volontiers happé lors d'un voyage envoûtant. |