Et si le blues t’était conté, je te choisirai Duke Robillard. Son nom ne te dit rien ? C’est bien pour ça qu’il faut que ce soit lui. Il est un maître dans son domaine, depuis un certain âge que je me refuse de nommer ici parce que je n’en ai aucune idée (et qu’on s’en tape franchement !). Son nouvel album est Independently Blue, tout simplement.
Yes ! Un guitariste blues vivant ! Avec des potes ? C’est encore mieux : Bruce Bears, Mike Welch, Brad Hallen, Mark Teixeira, Billy Novick, Doug Wolverton ne vous disent peut-être rien, relisez donc ces noms. Avec leurs deux mains et leurs dix doigts chacun, ça fait un sacré paquet de possibilités et d’instruments à concorder.
Aux petites (et moins petites) mains, justement, vous trouverez le classique piano, le tonitruant saxophone, l’omniprésente indispensable basse, les doux drums et la frissonnante guitare électrique. Ils se parlent, se questionnent, se répondent, vont et viennent à la manière d’une onde qui n’en finirait jamais de couler, histoire de vous emmener plus loin. N’importe où, là où vous voulez, une île déserte, un boui-boui parfumé, dans ses bras, dans le bac à sable d’en face, dans l’enfance… N’importe où oui, loin des soucis, des misères, des tracas, des emmerdes et des pourris.
Et pourtant, le blues chante avant tout la tristesse, mais "quand c’est bien fait, c’est pas pareil" disait mon grillon. Ça fait penser au bon vieux temps qu’on n’a pas connu, sans Pépère à la présidence, sans les virus de carnivores qui nous rendront OGMisés, avec des héros quoi !
Tant pis pour les puristes, mais quand j’entends cette musique, je deviens le gros Baloo dans la jungle, qui danse avec les macaques, bouffe des noix de coco et fait la planche toute la journée au soleil. Il en faut peu pour être heureux, un peu de Duke et de verdure que vous prodigue la nature… ça file la banane.
Entre le boogie qui vous filera des bleus (damned table basse) et la sensualité des morceaux soul-jazzy, du rythm n’blues au rock n’roll, toutes les légendes des 40’ aux 60’ sont racontées dans cet album. L’insouciance, la pilule au Monoprix, les moutons qu’on va tondre sous les pavés, les fleurs à la plage, les tongs et les cheveux avant la torture au brushing. Tout y est, vraiment.
Mais non, elle n’est pas démodée cette musique, et c’est ce qui en fait aussi sa force : elle devient intemporelle et évoque les petits bonheurs dans notre fast (fat ?) monde. Les petits cafés avec les copines qu’on ne boit que quand ils ont refroidi, la glace à la vanille, les petits lacs, le supermarket drive, l’abolition de la peine de mort, les soirées au coin du feu (et devant l’écran plasma)… Oups, j’allais oublier la margarita !
Elle est pas belle la vie ? |