Découvreur de
talents, la Médiathèque de Charleroi, entame le 11
décembre 2004 un ambitieux cycle d'expositions consacré
aux expressions émergentes.
Nous avons rencontré Bibifok qui expose ses oeuvres du graffiti
à la peinture.
Qu’est-ce qui t’a poussé un
jour à prendre une bombe de peinture?
Bibifok : Ça m’a pris vers fin 1999
à peu près. Tout simplement en matant des photos de
graff dans des magazines comme "graff-it". J’ai
commencé à faire quelques croquis dans le pur esprit
graffiti, essentiellement du lettrage. Puis très vite, j’ai
voulu bouger et taper mon blaze (pseudo) directement sur murs. Je
suis aller chercher mes premières bombes…
Tu nous expliques succinctement ton parcours ?
bibifok : Ma phase "graffiti classique"
a duré environ deux ans. Ensuite, graduellement, j’ai
commencé à faire abstraction du lettrage pour simplement
jouer avec les formes. C’est à ce moment-là,
que j’ai pris pour délirer le surnom de Bibifok.
En plus de la bombe, je me suis mis à
utiliser le pinceau, l’encre de chine, le pochoir et même
quelques fois le pastel… Je teste un peu tout ce que je trouve,
si ça colle avec le reste, je garde et j’essaye d’aller
plus loin. J’ai eu ensuite la chance de participer à
quelques expos collectives dont le Festival post-graffiti au Recyclart.
(ndlr : Citons aussi en vrac le Prix du Hainaut au BPS 22, "L’Expo
de vos Rêves" au Musée Ianchelevici de La Louvière
et une performance remarquée au vernissage de la dernière
Tranche de l’Art au Chantier Naval de Thuin).
Je peins maintenant instinctivement, j’improvise toujours.
Parle-moi de ton boulot actuel ?
bibifok : Je m’intéresse depuis
un petit moment au street-art. J’ai commencé à
coller de petites compos sur les murs dans les rues avec les gars
du Collectif "Milkshake", Eux, sont plutôt axés
illustration, BD. C’est amusant de confronter tout ça
aux passants…
Jusqu'où se poursuivra l'invasion?
bibifok : On renouvelle la session "affichage
massif", bientôt sur Liège avec l'ami Hatboy (collectif
Milkshake). Charleroi y passera un jour ou l’autre…
Tu te définis comment: graffeur, artiste,
vandale, peintre ?
bibifok : Cette vieille manie de toujours vouloir
donner des noms a tout ce qui bouge… Je me définis
comme type qui s’amuse sur tout support : carton, aggloméré,
bois, toile, papier… C’est vrai que je n’aime
pas les supports trop clean. Plus ils ont vécu, mieux c'est.
A Liège, à l'Académie, on me refile des planches
déjà utilisées par d'anciens élèves,
je travaille directement par-dessus. C’est ce travail que
j’expose à la Médiathèque.
Tes influences picturales et les artistes dont
tu te sens proche ?
bibifok : Je suis assez inculte… Chaque
fois qu’on me demande si je connais untel ou untel, je fais
semblant de connaître… Mais, j’en ai quand même
quelques-uns en poche, en mettant à part la liste de "graffeur"
actuel que j’apprécie. Comme peintre, il y a peu de
temps, j’ai découvert Twombly, une bonne claque ! Sinon,
ça va de Kandinsky à Basquiat en passant par Georges
Mathieu, Baselitz, Miro, Klimt, Schiele… Je n’ai pas
la mémoire des noms.
Si tu disposais de trois mots pour décrire
ce que tu fais ?
bibifok : sauvage, instinctif, inconscient…
Des projets après cette interview ?
bibifok : Je pense aller me chercher une bonne
frite à 1€50…
Un dernier mot?
bibifok : …sauce samouraï !!!
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