Organiser un festival en Bretagne aux beaux jours, printemps ou été, c'est prendre le risque de devoir composer avec une météo capricieuse, voire détestable. Mercredi en faisant la queue sous des trombes d'eau pour le concert de Thee Oh Sees à Rennes, on commençait à sérieusement désepérer pour ce week-end d'Art Rock qui fête cette année sa trentième année d'existence. Niveau programmation, on retrouve tous les poids lourds qui tournent sur le circuit en ce moment : Lescop, Lou Doillon, Woodkid, Biolay mais aussi, qui sait, de futurs grands. Le festival propose aussi comme chaque année des arts numériques et se terminera avec un spectacle très attendu de la Fura Del Baus.
Vendredi 17 mai 2013
Le vendredi 17, la météo se maintient doucement après une frayeur sous les coups de 17 heures. On commence en douceur avec un des nombreux concerts du festival off au Dandy Rock Le Shop, échoppe pour amateurs de vieux vinyles et de Bd d'occasion. Les Bumpkin Island, collectif breton qui rêve de glaciers et d'Islande (leur nouvel album a d'ailleurs été produit par un collaborateur de Sigur Rós) propose ses belles mélodies et ses ravissantes harmonies vocales à une cinquantaine de personnes conquises.
Impasse sur Lescop et Lou Doillon pour une question de timing. De toute façon, on les a déjà vus et on aura encore l'occasion de les croiser sur le cicuit des festivals estivaux. On fait le déplacement pour Benjamin Biolay. Même si son spectacle est plus calibré pour une vraie scène que pour un format festival, Benji assure un show rôdé et carré, sans failles. A la fin du concert de Biolay, il est presque 23 heures et la température ne doit pas dépasser les dix degrés. Une bonne raison pour aller au chaud et surtout, surtout, pour éviter de s'ennuyer ferme sur le pénible Woodkid.
Direction Le Forum qui offre une scène au format réduit où l'on peut voir des groupes appelés à une future notoriété. On retiendra les très attendus La Femme qui enquillent avec efficacité leur electro-pop très "jeunes gens modernes". Un brin répétitif et sans surprise, mais le public adore.
La déception sera de taille pour St Lo. Présentés comme le concert à ne pas rater, le groupe franco-américain gesticule beaucoup pour pas grand chose, avec en bande son un pseudo trip-hop qui se serait déjà fait tailler un short à l'apogée du genre, c'est dire...
Samedi 18 mai 2013
Samedi 18, rien de tel qu'un détour par le village du festival pour profiter de Rock'nToques. Des chefs des plus grands restaurants briochins proposent des recettes abordables mais dans un esprit bistrot (burgers, tartines, tourtes).
Le soleil est là, mais un vent de nord persiste et oblige le manteau en plein mois de mai, dur. Un petit passage au Dandy Rock Le Shop (définitivement "the place to be") où les Rennais de Totorro ont joué un set impeccable. Leur Math rock tendu assez proche de Don Caballero est d'une efficacité redoutable. Post Rock's not dead !
Direction ensuite la scène principale pour le groupe le plus alléchant de l'affiche proposée ce soir : Tinariwen. Déjà convié sur le festival, le groupe, originaire d'une région du nord du Mali, déçoit rarement : sorte de Velvet Underground du désert, leurs compositions hypnotiques et nostalgiques jettent un pont entre tradition et modernité rock et ils parviennent à réchauffer un public frigorifié.
Forfait de notre part pour Féfé qui devra arrêter son concert pour de sérieux problèmes de voix.
On se réfugie au chaud jusqu'à 23 heures pour se diriger de nouveau vers Le Forum : les Popopopops déroulent une musique inoffensive et gentiment aseptisée et il faudra attendre Yan Wagner pour nous donner une furieuse envie de nous dandiner : sa musique électro aux doux accents de Depeche Mode de poche est un régal. Grosse attente pour Skip And Dye qui remporte la palme du style le plus improbable du festival. Musicalement ça turbine, ça décolle la plèvre à coups d'infrabasse, rien de bien excitant malgré l'alcool qui a réchauffé les corps.
Dimanche 19 mai 2013
Le dimanche commence par un ciel lourd et menaçant et quelques gouttes qui ne cesseront pas avant le milieu de soirée. Sallie Ford déroule son folk rock "baluche" et il faudra attendre Miles Kane pour nous régaler de riffs anglais comme on les aime. On reste pantois devant la facilité avec laquelle le bougre déroule ses morceaux avec classe et aisance... C'est comme ça : notre rayon, c'est la bouffe, pour les Anglais, la pop et le rock.
Il est à peine 21 heures quand Skip The Use monte sur scène et il fait aussi froid qu'un soir de novembre. Direction le 1701, une taverne locale pour voir le mix de Julien Tiné et Lamar Shed. Ca groove, ça danse, il fait (enfin) chaud, on a de quoi tenir jusqu'au début des concerts du forum. On arrive pour les Von Pariahs qui ont dû remplacer les très attendus Ume. On en vient à se réjouir de ce changement de dernière minute car les mecs assurent avec leur rock rentre-dedans. Petite déception pour les Struts, insipide ersatz des Rolling Stones. Le festival se termine à La Chapelle pour une fin de soirée sur le dance-floor. |