Combien sont-ils ? Ces valeureux guerriers que Dieu envoie toujours à la fin. Les manifestants et la police ne sont toujours pas d'accord.
Dans ce merveilleux monde du garage, ils se comptent sur les doigts de la main, et s'il ne devait en rester que deux, ce serait Thee Oh Sees et The Magnetix. Soirée mémorable donc, au Grand Mix, ce soir.
Les Magnetix sortent de l'avion et le public trépigne d'impatience, le vol a du retard... Les balances ont lieu devant l'auditoire. "Tu peux me mettre une grosse réverbe, steuplait ? Nickel ! Et tu peux me mettre une grosse bière aussi, steuplait ?". La messe est dite et les choses sérieuses peuvent commencer.
C'est dans un magma de fuzz que les Magnetix donnent le "La", le son est puissant, incisif, l'ambiance est électrique, radicale. A la guitare, Looch Vibrato est un véritable forcené, les riffs sont imparables, et le vinaigre tourne vite au concerto de larsens. Juste en face, Aggy Sonora touche du bois, bat la mesure sans relâche !
Le tout est jouissif, musicalement et visuellement, l'énergie déployée sur scène est incroyable, l'attitude rock'n'roll dans toute sa splendeur, le genre de cérémonie / rituel qui donne envie d'être un mec cool.
Un jour de 69, Iggy Pop défoncé sur l'autoroute, invente le concept abstrait du "Vroum". Cette manière quasiment autiste de résumer cette affaire rock'n'roll et brillamment interprétée par les Magnetix.
Les plus simplets n'y verront que du feu, et les compareront sans réfléchir aux White Stripes, ceux-là n'ont rien compris. Le duo est bien au-delà des gentilles expérimentations de Jack White, et évoque bien plus les Mummies, les Gories, voire The Cramps dans un côté torride et poisseux.
Si ces kamikazes là devaient finir à l'asile, ils porteraient certainement le nom d'Adkins (comprendra qui voudra).
La setlist est majoritairement composée de morceaux du dernier album en date, le superbe Drogue Electrique, l'on regrettera tout de même des morceaux cultes comme "Motard" ou "Time After Time".
Mais le principal regret sera toujours qu'un groupe aussi génial que les Magnetix ne soit pas assez reconnu, néanmoins cela restera toujours le plus beau secret que le garage français est connu.
Le concert se finit en apothéose avec une superbe destruction de guitare comme un mort-vivant se ferait démolir la tronche dans un film de série Z. Les oreilles du public sont une dernière fois martyrisées par de tonitruants larsens. Bravo !
La suite est tout aussi palpitante, et l'arrivée de Thee Oh Sees sur les planches est d'une violence incroyable. Le son est fort mais audible, puissant mais appréciable. Chacun pratique le headbanging tout en interprétant furieusement les morceaux du dernier album, le génial "Floating Coffin".
L'on retrouve sur scène les excellentes idées présentes sur le disque, ces choeurs pop entêtants parfaitement chiadés et combinés à un Krautrock caverneux lorgnant de part sa lancinance du côté de Neu !, voire du côté d'Ash Ra Temple pour ce qui est du caractère sombre et de l'avalanche de réverbération souterraine.
La motivation exposée sur scène est aberrante, tant cela envoie le bois, pendant plus d'une heure, les riffs de plombs s'enchaînent. L'on assistera aussi au changement de corde le plus classe du monde. La machine est lancée et sa frénésie a tout détruit ce soir. C'est donc conquis que nous sortons du Grand Mix.
L'esprit rock n'aura jamais était aussi savoureux. En un mot : merci ! |