Les Trois Baudets, la scène parisienne, sise boulevard de Clichy à Paris 18ème est une petite salle de spectacle au passé prestigieux, qui vit se produire toutes les sommités de la chanson. Elle revit depuis quelques années pour faire connaître les jeunes talents. Sa mission devient de plus en plus importante dès lors que les diffusions radio-télé se limitent à la portion congrue, préférant les favoris d'un public qu'on bouscule de moins en moins dans ses cadres. Les Trois Baudets sont cette nouvelle voie.
Ce soir à l'affiche, trois formations : Ici et lui, un duo qui joue de la dance joyeuse sur des animations de manga. Puis Le Noiseur qui présente son premier album, la voix séduisante surmontant la timidité d'un tremblement touchant.
Benoît Carré arrive en tête d'affiche. Celibatorium, son album dont on a déjà parlé à présenter sur scène. Il se paie de plus le luxe de quelques invités célèbres : Jil Caplan dont les titres "Oh pas ce soir", "Nathalie Wood" sont encore dans les mémoires, Jean-Christophe Urbain du groupe Les Innocents et Isabelle Carré qui troque les scènes de théâtre et les plateaux de cinéma pour accompagner son frère, sur deux titres, ce soir.
Les versions concert des titres de l'album Celibatorium conservent la même énergie et la même excentricité. Benoît Carré qui se penche beaucoup sur les histoires de malchanceux, de timides, de désemparés se révèlent très à l'aise sur la scène des Trois Baudets, le chant sûr et l'humour affleurant. Le duo avec Jil Caplan sur "Piano mécanique" est une belle rencontre harmonieuse, suscitant l'envie de les voir poursuivre l'expérience sur de nouveaux projets : le goût du cinéma ne les réunirait-il pas ? Quant à la collaboration d'Isabelle Carré, c'était comme s'ils dévoilaient, avec une certaine impudeur, leur complicité, le lien de frère à soeur qu'ils aiment raviver au fil des années. La reprise de Fred Poulet "Ma gomme" et "En Commun" sont des instants gracieux et tendres. Isabelle Carré n'a visiblement pas l'intention de s'inscrire dans cette ligne plus ou moins heureuse de ces actrices chanteuses, c'était juste l'expression d'une générosité.
Benoît Carré s'est aussi autorisé un petit défi : une reprise de Frank Sinatra (excusez du peu) : "When I was seventeen"... évocation nostalgique du temps qui passe.
Il évolue entre confidences et chansons pop parcourant du "Voyage en Italie" à "Fermé pour la saison", un concert en forme d'albums de photos de vie, avec ses joies, son enfance et ses idoles. Une bien belle soirée de partage. |