"If she knows you’re paper, she’ll know she has to burn you".
En une bonne dizaine d’années et en maintenant six albums, The National sera devenu un groupe au succès aussi bien critique que public, considéré comme l’un des plus grands groupes d’indie rock Américain, provoquant même un certain fanatisme. Il faut avouer que les New-yorkais sont l’un des rares groupes à être capables de sublimer un certain classicisme indé/rock, héritier des années 80, à la fois exigeant et populaire. Ce n’est pas pour rien que Matt Berninger cite Pavement dans ses groupes préférés. C’est cet esprit que The National a chevillé au corps et qu’il cultive tout au long des disques, mélange de mélodies pleines d'émotions et de lyrisme morose devenus des classiques.
Trouble Will Find Me ne déroge pas à la règle et est fait du même bois. On y retrouve cette écriture minutieuse et brillante. On retrouve également cette intelligence harmonique et mélodique qui permet de surpasser le genre. Ce nouvel opus est en quelque sorte la quintessence du style du groupe. On pourra toujours critiquer que The National fait du The National mais cela serait oublier que le groupe a toujours su évoluer au cours de sa carrière, a toujours creusé son propre chemin sans se laisser bercer par les sirènes du succès.
Le titre de ce disque va comme un gant aux états d’âme, regrets, faiblesses et écorchures intimes qui parcourent les textes superbement écrits. On y parle de l’image que l’on a de soi, de dialogues intérieurs. Mais comme à l’habitude avec ce groupe, il faudra plusieurs écoutes répétées pour en apprécier complètement le suc, les contours, pour mesurer la qualité, la fragilité et la mélancolie s’exprimant dans ces titres. Si l’on doit concéder qu’il est moins audacieux et fulgurant que High Violet, Trouble Will Find Me reste quand même de haute tenue. Dense, sombre, ce disque se révèle également aussi bien par une orchestration et des arrangements feutrés et étourdissants que par des invités de marque (Sufjan Stevens, Annie Clark (St. Vincent), Richard Reed Parry (Arcade Fire), Nona Marie Invie (Dark Dark Dark) ou encore Sharon Van Etten) à la contribution discrète mais au service du collectif et de la musique, ce que fait en résumé The National depuis 10 ans maintenant. |