Arriver à Carhaix In Media Res, cela faisait quelques années que cela ne m’était pas arrivé. Après une rapide installation et un petit détour par le centre ville, on peut dire, voir et sentir que le festival a bel et bien commencé. Il fait exceptionnellement chaud en Centre Bretagne et ils sont nombreux attablés aux bars locaux à se désaltérer ou à se mettre « bien » pour reprendre une expression locale. Ca tombe bien car par pure coïncidence, la supérette fait des promos sur la bière. Déambuler dans les rues de Carhaix à 14 heures est une expérience assez singulière : des mecs avinés qui poussent des poubelles municipales, des mecs avinés qui se chicanent , des mecs avinés qui parlent fort, des mecs avinés qui bloquent des voitures au carrefour. Niveau look, c’est également assez particulier. Oubliez les fashionistas du Pitchfork Festival ou de Rock En Seine. Ici c’est déguisement (le thème de l’année est les gaulois), maillots de foot, de cycliste ou déguisements maisons avec numéro de 06 pour ceux qui veulent pécho.
Un peu déçu d’avoir raté Half Moon Run vu le bien qu’on a pu en lire ici et là. C’est donc Rokia Traoré qui « débute » en douceur cette journée sur la scène Glenmor.
Direction ensuite scène Kerouac pour voir la sensation rennaise Juveniles. Composé d’un ancien Wankin’ Noodles, éphémère espoir du rock garage briochin ,(de la ville de Saint Brieuc) converti à la pop à synthés quand tout le monde s’y est mis. C’est le problème : il est grand temps que tous ces groupes troquent leurs synthés pour des guitares et se mettent à plancher sur le prochain « revival ».
Le temps de remonter vers Lilly Wood and the Prick et bing je tombe sur un groupe d’amis en train de « se rafraichir »autour d’un pichet de bière. Se pose rapidement le choix du prochain groupe à aller voir. Ce sera au final assez simple car Patrick Bruel monte sur scène et on nage en plein cauchemar d’un autre revival dont on se serait largement dispensé : La Bruelmania.En gros les mères qui braillaient « Patrick….. » en 91 on amené leurs filles pour célébrer celui qui propose de se casser la voix.
On fuit vers la scène Xavier Grall pour se prendre une bonne grosse claque avec Ranklegods, duo électro-pop danois. Un son un peu froid et clinique mâtinés de voix caverneuses qui ne sont pas sans rappeler celles de Ian Curtis ou de John Maus. Contraints de rejoindre des amis au « fameux bar 4 », on assistera à quelques chansons de Bruel. Ce dernier prouvera qu’il n’a pas vraiment de talent pour les reprises. Il y a deux mois il avait massacré Life on Mars de Bowie sur le plateau de Grand Journal sur Canal Plus. Ce soir, il se sent obligé de reprendre un morceau de celui qu’il remplace ( Your Song d’Elton John) pour un résultat bien moyen… Mais bon le public est conquis, le mec est pro, son show réglé comme il le faut.
A peine arrivés pour Lescop que son « tube » La Forêt démarre pour une version musclée et électrique. Certains reprochent les influences trop évidentes, mais il faut bien avouer qu’après avoir vu le frêle chanteur au moins quatre fois cette année, ses concerts sont de mieux en mieux. C’est après que les choses se compliquent : l’effet bière, le réseau mobile qui sature, la foule…
On décide donc de rester pour le concert de M, histoire de ne pas se perdre. Ca veut dire sûrement rater les excellents BRNS, mais bon… Le concert de M s’avère rudement efficace, même si ce n’est absolument pas le genre de musique qui me fait vibrer, le gars offre un show ultra efficace devant un public conquis qui en redemande. En plus le mec est assez gentil et bienveillant envers son public et il se fendra d’un joli hommage à Jean Philippe Quignon, ancien président des Vieilles Charrues décédé en septembre dernier.
La fatigue commence sérieusement à se faire sentir quand les Two Door Cinema Club montent sur la scène Kerouac. Sapés comme des princes (veste et cravate), ils déroulent une pop sautillante, efficace et inoffensive qui aura raison des mes dernières forces. Tant pis pour Suuns que je verrai très prochainement à Saint Malo… Au moment de me coucher Paul Kalkbrenner transforme Keramphuilh en dance floor… Qu’on est bien dans son lit de fortune ! |