Pièce
de Bernard-Marie Koltes mise en scène et jouée par
Jean Hache et Yann Chermat
"Dans la solitude des champs de coton" figure parmi les
pièces les plus connues de Bernard-Marie Koltès, découvert
par Patrice Chéreau, qui est devenu un auteur classique du
répertoire contemporain.
Née d’un événement autobiographique,
un croisement de regard, un soir, dans une zone désolée
de New York, qui suffît à ce qu’il se passe quelque
chose sans qu’aucune parole ne soit échangée,
elle explore un réel fanstamé par cet échange
improbable. Le texte magnifique de Koltès contient de superbes
développements sur le regard, la peur, celle de l’autre
mais aussi celle de son moi profond, sur le désir, sur l’humanité.
Tout
le dialogue se noue autour d’un objet indicible qui nourrit
toute une stratégie de séduction et d’intimidation
entre les deux protagonistes.
La représentation donnée dans un atelier d'artiste
aux Frigos, dans un lieu immense au milieu duquel gîtune locomotive,
procède également d'une rencontre, celle de Jean Hache
et Yann Chermat.
Et c'est dans ce lieu étrange, alors que la vie réelle
est à deux pas, on entend des chiens qui aboient, les bruits
de voix d'un vernissage dans un atelier voisin, que se recrée
la magie de la rencontre qui donne lieu à des joutes verbales
mais aussi à des sortes de soliloques, chacun essayant autant
de convaincre l’autre que de se convaincre lui-même.
Yann
Chermat est le client écorché vif face à Jean
Hache tout en calme doucereux.
Ils luttent contre le désir et la peur réciproques
de se parler en ne parlant que du désir. Ils tournent l'un
autour de l'autre, se fuient, tentent désespérement
de communiquer.
Ils réussissent un fort beau travail d'incarnation qui saisit
le spectateur, le laissant muet à quelques pas d'eux, dans
la poussière du ciment du sol soulevé par leur pas,
dans le froid de l'atelier, dans cet univers glauque où le
texte de Koltès vous assaille à la gorge pour ne pas
vous lâcher.
Les représentations sont prévues du 8 au 18 décembre
2004. Ne les ratez pas !
"Pour ma part, j’ai seulement envie
de raconter bien, un jour, avec les mots les plus simples, la chose
la plus importante que je connaisse et qui soit racontable, un désir,
une émotion, un lieu, de la lumière et des bruits,
n’importe quoi qui soit un bout de notre monde et qui appartienne
à tous." B.M. Koltès
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