17h30, les cinq membres de Natas Loves You sont les premiers à entrer sur la scène du festival. Du moins, je peux l'imaginer puisque, pour ma part, je suis encore dans les transports en commun. Arrivé en cours de concert, j'entends au fur et à mesure que je me rapproche de la scène montée devant l'Hôtel de Ville, des voix qui se mélangent, se succèdent, se répondent à merveille. La "bande-son de l'été" annonce le site du festival, il est vrai que leur titre "Game Of Tribe" peut sans souci accrocher ce titre.
La pop à la fois sucrée et psychédélique des Natas Loves You interpelle les badauds qui se baladent, profitent de la chaleur et du soleil parisien, et découvrent l'univers planant et beatlesien des luxembourgeois. Le promeneur parisien regarde quelques morceaux avant de vaquer à d'autres occupations. L'opération séduction de Natas Loves You a fonctionné.
C'est ensuite Granville qui vient fouler les planches de l'estrade. La chanteuse et ses quatre musiciens ont sorti leur album Les voiles au début de l'année 2013. Leur pop à guitares claires séduit par l'énergie qu'ils mettent sur scène.
La légèreté des mélodies font encore une fois merveille par un bel après-midi d'été mais la voix de Mélissa au chant mériterait en live d'être mise un peu en retrait, de plus se fondre dans l'ensemble mélodique. La performance est peut-être légèrement en-deça de l'attente de ceux qui ne les connaissaient que sur disque. Granville a néanmoins séduit le public qui commence à devenir de plus en plus dense sur la Place de l'Hôtel de Ville.
Ce sont ensuite les Villagers qui entament leur concert dans le calme. Conor O'Brien, le leader du groupe irlandais, compose une musique sans fards.
Que les mélodies soient interprétées à la guitare sèche ou en formation électrique, l'auditeur ressent la densité des compositions. Particulièrement difficile pour un tel groupe, entre les voitures qui défilent sur la rue de Rivoli, les sons de bouteilles en verre qui s'entrechoquent d'installer sa douceur ou les climats mélancoliques de ses chansons.
Pourtant Conor O'Brien, lunettes de soleil vissées sur le nez, va chercher le public à bras le corps. La priorité est intelligemment donnée aux compositions les plus dynamiques du groupe. Une chanson comme "The Waves", avec ses réminiscences à la Radiohead est interprétée de manière particulièrement intense.
Les Palma Violets ont décidé de mettre le feu. Mais il semble vraiment que les quatre membres du groupe ne fonctionnent pas avec les mêmes drogues. Le clavier s'endort sur les touches de son synthé lorsque le bassiste hurle dans le micro et va jeter le contenu de sa canette de bière sur les spectateurs des premiers rangs, certainement dans l'intention de les rafraîchir.
Le public réagit positivement à cette prestation chaotique, que certains estimeront rock'n'roll dans la lignée des Libertines, et que d'autres jugeront parfaitement pathétique et pitoyable.
Et la musique dans tout ça ? Un soupçon de Clash, une larme de Madness rock'n'roll, une rasade de brit pop pour un cocktail qui n'apporte pas grand-chose de neuf.
Miles Kane n'a pas non plus révolutionné la brit pop, mais ses prestations sont toujours l'occasion de se prendre une bonne claque d'énergie et d'admirer des tenues qu'on n'oserait pas porter en dehors de la fashion week.
L'anglais à l'élégant (ou pas, ça dépend des goûts) costume fleuri qui rappelle le pointillisme d'Alfred Sisley, se démène comme un beau diable.
Pas le temps de faire une pause entre des morceaux qu'il enchaîne sans même prendre le temps de souffler. La place de l'Hôtel de Ville est désormais vraiment remplie. Les premiers rangs répondent positivement à la pop vitaminée de Miles Kane, et aux chansons extraites du tout à fait recommandable "Don't forget who you are". Mais une partie du public est clairement venu pour l'artiste suivant.
Oxmo Puccino, chemise blanche et pantalon bleu, descend dans l’arène la nuit tombante. A un public venu en nombre pour le voir, il balance son flow toujours élégant. "Le roi sans carrosse" réussit haut-la-main à retourner une place de l'Hôtel de Ville désormais remplie à ras bord, où les spectateurs empiètent sur la chaussée obligeant à fermer l'avenue Victoria. Plus de 12.000 personnes sont là pour Oxmo Puccino. Le rappeur réussit un carton plein en offrant un set généreux.
Olivia Ruiz clôture cette première soirée de Fnac Live sur l'esplanade de la Libération avec un set bien rock'n'roll. Les tubes et les chansons d'amour meurtrières de la petite brune piquante de Carcassonne continuent à faire bouger le public.
Ce qui séduit chez Olivia Ruiz, outre ses performances enlevées, c'est son franc-parler. L'entendre remettre en place le lourdaud à l'haleine chargée qui crie "A poil !" (il y en a toujours un dans les concerts) est tout à fait réjouissant. "Le calme et la tempête" est bien entendu mis en avant mais "La femme chocolat" n'oublie pas non plus ses tubes d'hier.
Le premier jour de ce festival gratuit, qi a vocation à faire découvrir les artistes et à promouvoir leurs concerts à venir dans la capitale, s'est avéré tout à fait réussi, avec une mention particulière pour la pop inspirée des Villagers. Quant au Prix du public, c'est bel et bien Oxmo Puccino qui peut s'en enorgueillir.
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