En arrivant sur le site d'un festival plombé par le soleil, on se croirait parfois dans un western post-moderne : des hommes presque nus, tatoués et déjà/encore saouls, soulèvent, en marchant, une poussière étouffante. Les yeux se plissent pour éviter l'éblouissement. Des gobelets vides roulent, poussés par le vent. Au loin, des balances fort... métalliques se donnent à entendre. Car ce vendredi, c'est la programmation "gros son" - rock, garage rock, punk hardcore et punk rock, métal. Maintenant je peux le dire : une des meilleures journées de festival de ma vie.
Den House
Pourtant les choses commencent plutôt mal. Machinalement, je tape du pied et me rends compte que c'est un simple réflexe : Den House fait partie de ces groupes dont on se dit très vite "déjà vu, déjà entendu". Je n'ai rien à gagner en critiquant un groupe de la scène découverte, je préfère le préciser, je culpabilise même un peu, mais là... On compte quelques "pains" - comme disent familièrement les musiciens, l'accent très frenchy agace (chantez français, sinon), le bassiste ne semble pas toujours connaître les paroles des chansons... Tout s'accumule, le tout dans une pop molle et fatigante. Vaste bof et grand dommage – j'avais été tellement séduite l'an dernier, dans des genres différents certes, par Temple et Most Agadn't...
Bass Drum of Death
En voilà un groupe qui porte antynomiquement bien son nom ! En effet, pas de bassiste dans la formation, mais un guitariste poupon, un autre guitariste tout en long, et un batteur énervé au kick étourdissant... Si on aime et on aimera toujours les guitares saturées et grasses, on remercie Bass Drum of Death de faire des morceaux courts – plus "écoutables" étant donné le gros son sale et gras que ces petits jeunes balancent. Le tout est plutôt répétitif, jusqu'à ce qu'un problème d'ampli introduise un faux rythme dans le set et vienne complètement enrayer la chose. On meuble comme on peut, on s'excuse. Bien, mais pas top.
Outside Inc.
Ce groupe rémois propose une prestation... qui va plutôt bien. On remercie notamment le bassiste d'avoir un jeu de scène aussi énergique : même si la chose n'est pas profondément originale d'un point de vue musical – même si le mélange est bien vu entre rock et de métal -, le tout est bien mené, des riffs au chant clair.
Sick Of It All
Dans l'attente d'un "oui" pour entrer dans la fosse, j'observe : les gars des Sick of It All, à l'arrière de la scène, sautillent, s'échauffent, me donnant un peu l'impression qu'ils vont entrer sur un ring. Et ça ne rate pas. Un set du feu de Dieu, assez raccord avec l'atmosphère infernale du jour - ils ont beau avoir vingt-cinq ans de carrière derrière eux, le set tient la route comme jamais... Voici de plus un groupe-caviar pour des photographes excités par les sauts détonants du guitariste. J'avoue tout : je suis refaite devant ce set roboratif et délirant, chose rare dans les festivals que j'ai pu couvrir cet été - qui ont manqué clairement d'un brin de folie niveau scénique...
The Bronx
Une fois de plus, chapeau au programmateur pour cette journée : The Bronx fait à merveille la transition avec les Sick of It All, puisqu'on reste dans un punk hardcore made in USA plutôt déjanté. Le chanteur semble complètement habité, la rage – la haine ? - dans le regard... Et le son est fort, entêtant, étourdissant comme un coup de massue. Le bordel, sur scène et dans le public, est innommable – mais n'est-ce pas insoutenable à la longue ? Du coup, on décide de ne pas aller couvrir Skip The Use. Vus... (très) souvent depuis un an, on s'est lassée quelque peu du groupe – d'autant qu'en écoutant STU de loin, malgré tout, la setlist est inchangée depuis les Eurocks, avec, inévitablement, cette reprise, maladroite, de Nirvana pour clôturer le set...
JC Satàn
Comme Alt-J la veille, voici un groupe raté aux Eurocks qu'il me tardait d'apprécier en live. Et c'est chose faite : les acrobaties et simagrées du guitariste, les sourires malicieux d'une chanteuse belle comme une madone espagnole, du garage plein les oreilles me donnent envie de confirmer tout le bien que l'on me dit de ce groupe depuis quelque temps...
The Offspring
Après avoir signé un contrat, stipulant en somme que les photos ne peuvent pas être utilisées, on poireaute gentiment en attendant le top départ de ce concert revival de la mort qui tue. Il est vrai : les Offspring ont pris quelques cheveux blancs, mais ils ont toujours la classe. Le set est, finalement, attendu : une anthologie type "Greatest Hits", mais bien sentie, de leurs classiques. En ce sens, ils répondent aux attentes d'un public... innombrable et nostalgique. L'effet est réussi : on repart en murmurant "Come Out and Play"... |