Comédie satirique écrite et mise en scène par Charlène Paulais, avec Antoine Dayres, Anaïs Dupre et Lydie Misiek.
"Le travail c’est la santé, ne rien faire c’est la conserver". Ce programme apparaît aujourd’hui aussi provocant que dérisoire, lorsqu’être hors du monde du travail signifie l’exclusion et la souffrance du manque de reconnaissance.
Puis les suicides répétés à France Telecom, les dénonciations de harcèlements par des employés situés à tous les niveaux de la hiérarchie ont conduit à reconsidérer le travail, à éclairer la souffrance au travail.
Les médias ont diffusé des documentaires tels que "La mise à mort du travail", "Tous ne mouraient pas mais tous étaient frappés" dans lesquels Christophe Dejours, Marie Pezé alarment sur la situation désastreuse des hommes et des femmes dans l’entreprise.
Le spectacle "L’entreprise, ce monde merveilleux" s’inscrit dans cette démarche de démystification. L’entreprise ne continue-t-elle pas à être parée de toutes les vertus ? La jeune et naïve Alice pense bien découvrir ce pays des merveilles, lorsqu’elle obtient un contrat de travail dans l’entreprise "Bienvenue chez nous".
Elle est hôtesse d’accueil dans un décor pop avec des gens jeunes et énergiques. Des cris de détresse déchirent bien de temps à autre l’atmosphère mais sa curiosité est la plus forte. Elle découvre les rapports troubles de Monsieur Le Chef et de sa secrétaire Madame Mélodie. Monsieur Le Chef est un homme autoritaire, contradictoire mais tout puissant devant les deux femmes.
Alice est gagnée par la peur et la nervosité. Malgré la boule au ventre qu’elle partage en toute solidarité avec Mélodie, elle veut comprendre pourquoi on lui dissimule certaines informations, les secrets de l’entreprise qui empoisonnent les esprits.
Charlène Paulais a créé ce spectacle à partir de sa propre expérience d’hôtesse d’accueil. Elle s’inspire de faits réels qu’elle a à peine besoin d’exagérer pour transformer l’entreprise en une machine folle. Le recours à "Alice au pays des merveilles" montre combien il s’agit d’un voyage initiatique.
Amorcée par un songe, la pièce se déploie dans la drôlerie et le grotesque.
Monsieur Le Chef incarné par Antoine Dayres est une sorte de toréador, habillé de rouge qui plante ses banderilles sur ses faibles subalternes étourdies dans leur volonté de bien faire. Des mouvements saccadés, ralentis illustrent qu’il est lui-même une mécanique , un pantin fragile.
Lydie Misiek prête sa candeur blonde au personnage d’Alice plus curieuse et rebelle que manipulable. Ingénue, elle montre néanmoins toute sa force de caractère en s’opposant à son supérieur.
Anaïs Dupre joue Madame Mélodie au nom bien trompeur. La comédienne propose en effet un personnage dont la musique de l’âme est abîmée, cassée. La joie, la vie réapparaissent à la faveur de cette nouvelle alliée Alice qu’elle protège mais le mal s’est logé au plus intime.
"L’entreprise ce monde merveilleux" dénonce les faux semblants de la société avec une ironie mordante. Charlène Paulais éclaire avec humour cette oppression muette, les dommages insidieux qui ont cours dans l’entreprise telle qu’elle s’est transformée au 20ème siècle avec ses objectifs de croissance, de rentabilité immédiate surveillée par un aréopage d’actionnaires oublieux des hommes et des femmes qui en sont les forces vitales. |