Réalisé par Nicolas Mercier. France. Comédie dramatique. 1h26 (Sortie 4 septembre 2013). Avec Eddy Mitchell, Jérémie Elkaïm, Pio Marmai, Chantal Lauby, Charlotte de Turckheim, Pio Marmai, Jérémie Elkaïm et Zoé Felix.
Dans sa forme classique, au service essentiellement de sa narration, "Grand départ" appartient à ce cinéma français qu'on a désormais tendance à confondre avec les produits télévisuels.
Ce serait donc une erreur d'attendre son passage sur le petit écran pour voir cette "comédie dramatique", servie par une distribution de qualité bien dirigée par un metteur en scène dont le but est l'efficacité.
Bonne idée, donc, d'avoir pris comme patriarche un Eddy Mitchell visiblement heureux de jouer la folie sénile et qui met une espèce de rage anarchiste à perdre la boule et à semer la pagaille autour de lui. Pas sûr qu'un autre acteur eût envisagé ce rôle avec une pareille "rock'n'roll" inaptitude...
Bonne idée, également, d'avoir mis en avant Pio Marmai et Jérémie Elkaïm, pour en faire des frères que tout oppose, humainement comme affectivement, et qui se retrouvent dans le même désarroi quand leur père devient une charge qui bouscule leurs vies au point d'en faire vaciller les finalités.
Émule sans aucun doute de Claude Sautet, Nicolas Mercier s'attache et s'attarde sur la vérité des êtres. Tout son scénario est charpenté pour qu'aient lieu des scènes fortes, tendues, où l'acteur a quelque chose de fort à défendre. Comme Sautet, il sait l'importance des personnages secondaires et il n'oublie jamais de bien caractériser les "seconds rôles". On retiendra ainsi la prestation de Chantal Lauby et celle de Zoé Felix.
Certes, on pourra émettre quelques réserves sur le milieu choisi, celui de la "grande bourgeoisie", qui permet au scénariste de pouvoir traiter du problème de la sénilité sans tomber dans le sordide. Le spectateur y gagnera au change le droit de visiter une maison de retraites de très grand standing où il ne pourra en principe pas finir ses jours avec ses cinquante ans de cotisations vieillesse...
Mais on n'accablera pas "Grand départ" de Nicolas Mercier pour ce péché véniel, reproche récurrent à la plupart des films français.
Reste une œuvre estimable qui n'a pour fonction que de distraire et qui donnera parallèlement des éléments intéressants d'information sur les préoccupations de la société française actuelle. |