Si la belle Héléna Noguerra touche à tout, ce qui rend sa carrière parfois difficile à suivre, on ne peut néanmoins pas lui reprocher d'aller au plus facile. Outre sa carrière d'actrice, où même au théâtre elle fait le grand écart entre une mise en scène de Dominique Farrugia et une adaptation de John Cassavetes, en musique on se souvient de son premier album Azul, jazz vocal tropical easy listening, mais aussi de sa participation au projet Imbécile d'Olivier Libaux (Nouvelle Vague) sur disque (son rôle sera repris par Armelle Pioline du groupe Holden lors des rares représentations scéniques), ou le duo avec Federico Pellegrini des Little Rabbits et musicien de Katerine sur le concept album Dillinger Girl & Baby Face Nelson, entre rock américain et arrangements à la Gainsbourg.
Son nouveau projet Année Zéro est composé de treize titres, plus une chanson bonus à télécharger, dont chacun s'adresse à un des hommes qui ont marqué sa vie de femme, ou peut-être sa vie amoureuse, ce qui n'est ni temporellement ni sentimentalement la même chose.
Lorsqu'elle chante en anglais sur "The end of the story", titre d'ouverture de Année zéro qui, comme le titre de l'album, souligne l'idée du nouveau départ, elle trouve de manière surprenante des accents de Marianne Faithfull. "Ceux que j'ai embrassés" flirte avec la chanson lounge pour bar parisien, le bar Hemingway par exemple, c'est juste avant qu'Héléna Noguerra ne donne des gages à la chanson française sur "M. Paul", ou la pop sixties sur "Mon Lucifer". "If" et "Le premier jour" lorgnent ensuite plutôt vers le début de la carrière.
Disque aux multiples facettes, il ressemble finalement à son auteur. Curieux et en recherche derrière une façade sur laquelle il est trop facile de s'arrêter. Femme libérée et qui s'affirme, plus de Beauvoir que fémen, Héléna Noguerra livre un album avec bien plus d'aspérités que ne peut le laisser supposer la pochette, un disque difficile à maîtriser qui demande une vraie attention de la part de l'auditeur. Ce ne sera pas un nouveau départ dans la carrière d'Helena Noguerra, mais bien un jalon de plus pour une chanteuse aux horizons de plus en plus diversifiés. Une bonne surprise que cette "année zéro".
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