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Bernardo Bertolucci  (septembre 2013) 

Réalisé par Bernardo Bertolucci. Italie. Drame. 1h37 (Sortie 18 septembre 2013). Avec Jacopo Olmo Antinori, Tea Falco, Sonia Bergamasco, Veronica Lazar et Pippo Delbono.

Il y a des films dont on n'a pas envie de parler précisément, dont on se refuse à dévoiler autant l'histoire que les sentiments qu'ils vont procurer à ceux qui vous auront fait la confiance d'y aller de "confiance".

Ce sont des films mystérieux, à la fois simples et forts, vides et remplis, auxquels on repense avec le cœur plus qu'avec l'esprit.

"Moi & Toi", c'est d'abord l'occasion de vraies retrouvailles avec un cinéaste qu'on avait perdu sur les autoroutes d'un cinéma international de plus en plus impersonnel. Un cinéaste qui, lui, retrouve ses racines, son humilité, sa curiosité.

Vieil homme meurtri par la vie, impotent, presque au bout de lui-même, Bernardo Bertolucci redevient le jeune homme de bonne famille en colère contre le conformisme qu'il fut aux temps de "Prima della Rivoluzione". Et cette résurrection, il la doit au regard apaisé et bienveillant qu'il accorde à deux jeunes gens d'aujourd'hui, deux jeunes gens pas très différents de ceux qu'il filmait il y a cinquante ans.

En s'enfermant dans cette cave métaphorique, Lorenzo, 14 ans, se met à l'écart d'un monde qu'il n'aime pas. Il y est rejoint par Olivia, sa sœur déjà abîmée par sa jeune existence, déjà perdue dans ses addictions.

Bertolucci montre, avec l'évidence de celui qui n'a plus que le temps d'aller à l'essentiel, que la révolte d'aujourd'hui ne peut être qu'une retraite, qu'une redécouverte intérieure de soi et des autres, qu'une exigence farouche contre ce laisser aller insupportable qui caractérise le néant moderne.

Bertolucci dit de Jacopo Olmo Antinori, qui joue intensément Lorenzo, que son petit visage fait "un peu penser au jeune Malcolm McDowell, mais avec le mystère d'un personnage de Pasolini". Il fait dire à Olivia, qu'habite de toute sa beauté étrange et moderne Tea Falco, que "ce serait bien de ne pas avoir d'opinion. On ne s'engueulerait jamais".

Entre ces deux extrêmes, ce monde ancien né dans les années 1960 où la jeunesse criait sa révolte et celui d'aujourd'hui où elle ne peut que la taire, Bertolucci a vécu, a filmé, a tenté jusqu'à en perdre son cinéma de trouver le chemin de la vraie vie, celle qui est ailleurs comme disait Rimbaud.

Avec "Moi & Toi", il cherche à se remettre sur pied et le paradoxe de cet homme en chaise roulante, c'est qu'il y parvient. Il lui suffit pour cela des échos d'une chanson d'un héros des époques chaotiques traversées.

En fredonnant dans leur refuge la belle version italienne de "Ground Control To Major Tom" de David Bowie, les deux jeunes gens rechargent leurs batteries. Passeur revenu à son point de départ final, Bertolucci les observe. Le combat qu'ils vont devoir mener dehors est terrible, mais l'auteur de "1900" leur fait confiance et leur fait cadeau de son regard. Un beau cadeau, une immense confiance.

Alors, emporté par ce flot imprévu de paroles utopiques, on sera heureux d'écrire que "Moi & Toi" de Bernardo Bertolucci est un immense beau film qui n'a rien d'un chant du cygne.

Leçon de cinéma magistrale dans sa modestie, "Moi & Toi" va redonner son éclat légitime à une œuvre indispensable qu'il faut redécouvrir * et aimer même dans ses errements.


*Ça tombe bien : les films de Bernardo Bertolucci font actuellement l'objet d'une rétrospective à la Cinémathèque française.


 

Philippe Person         
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