In paradisum deducant te Angeli,
in tuo adventu suscipiant te martyres,
et perducant te in civitatem sanctam Jerusalem.
Chorus angelorum te suscipiat,
et cum Lazaro quondam paupere
æternam habeas requiem.
Untill Isleep, I’ll forever walk (I’m) not dead
L’histoire de Girls In Hawaii aurait pu s’arrêter ce soir de 30 mai 2010 quand Denis Wielemans, le batteur, l’ami, le frère trouva la mort après un concert au volant de sa voiture. Le groupe Belge avait alors acquis ses lettres de noblesse grâce à deux disques (From Here To There en 2004 et Plan Your Escape en 2008) d’une pop héritière d’un rock indépendant mélodique (allant de Grandaddy à Sparklehorse) mais était proche de la rupture suite à des divergences artistiques. Dire qu’Everest est un disque inespéré et donc un doux euphémisme.
On imagine la blessure encore ouverte à l’âme qu’a été ce traumatisme. Pendant longtemps, rien ne semble avoir pu consoler le groupe. Pourtant, de cette terre brûlée, germaient lentement mais sûrement des mélodies, et il fallu encore du temps pour que ces mélodies (et quelles mélodies !) ne se transforment en chansons. Le désir d’être ensemble et de faire de la musique ensemble refaisaient surface et puis l’idée de sortir un disque a fait son petit bonhomme de chemin. D’abord sous la forme d’un single "Misses" sorti en avril 2013 pour le Record Store Day, puis avec ce disque.
Le groupe a changé un peu, en effet s’il reste Lionel Vancauwenberge et Antoine Wielemans, deux nouveaux compagnons de route sont arrivés : Boris Gronemburger à la batterie et François Gustin aux claviers et guitares. On retrouve, et de manière encore plus prégnante, ces mélodies chaleureuses à l’efficacité redoutables et ces climats travaillés qui ont fait la renommée du groupe.
Forcément plus sombre, plus profond et plus sophistiqué aussi que leurs disques précédents, Everest est le disque le plus personnel de Girls In Hawaii. Jamais glauque, larmoyant ou sinistre, ce disque est un constat bouleversant sur la mort, la disparition et la recherche de l’apaisement mais aussi sur la vie, sur la condition humaine et sur le dépassement de soi. C’est surtout un disque d’une grande beauté, une quête de sens, une renaissance.
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