Comédie écrite et mise en scène par Christophe Guichet, avec Chantal Lavallée, Gwenaëlle David, Natalia Dontcheva, Désirée Olmi et Anne Cantineau.
"La Générale Pompidou" raconte les aventures élyséennes de quatre drôles de dames : Anne-Aymone, Claude, Bernadette et Danielle. Elles ont en commun d’avoir un mari qui fait de la politique et qui, par la magie de l’élection suprême, est entré dans l’histoire, en général au mois de mai.
Elles, si on lit la constitution du 4 octobre 1958 avant de venir rire en leur compagnie, n’ont aucune fonction officielle et ne sont surtout pas des "premières dames" mais se retrouvent, par le hasard de leur mariage, maîtresses de maison d’un palais républicain.
Christophe Guichet s’est amusé à imaginer qu’après l’élection de François Mitterrand, les quatre mousquetaires en jupons de la cinquième république avaient pris l’habitude de se réunir à chaque passation de pouvoir.
D’abord rivales ou amies forcées, buvant, selon des circonstances, du thé en sachet ou des mojitos concoctés selon la recette de Fidel Castro, elles finissent par former un petit club très fermé avec pour seul témoin, Linotte-Soizic, gouvernante à l’Élysée depuis l’arrivée du général de Gaulle.
Au cours des quatre tableaux qui constituent "La Générale Pompidou", cette Bécassine - que Gwenaëlle David compose avec une belle santé - va peu à peu se transformer en Raspoutine pour rire, être témoin de bien des agitations, de bien des propos excessifs, alors qu’au fond, ici comme ailleurs tout change pour que rien ne change, les girouettes françaises finissant toujours par faire un tour complet sur elles-mêmes…
"La Générale Pompidou" est une pièce jubilatoire qui ne se contente pas de raconter une histoire que tous les spectateurs connaissent dans les grandes lignes. Elle réussit à surprendre avec ce que l’on attend et chaque passation de pouvoir est l’occasion de surprises hilarantes que Christophe Guichet orchestre lui-même en poussant la chansonnette devant le rideau rouge pendant qu’un décor nouveau se met en place.
Campant à merveille "leur" présidente, chacune des actrices, Chantal Lavallée, Natalia Dontcheva, Désirée Olmi et Anne Cantineau, sait éviter la caricature. Le trait est appuyé volontairement, mais l’écriture de Christophe Guichet n’a rien à voir avec la revue de chansonniers et ne ressemble pas davantage à une succession de sketches des "Guignols".
De tableau en tableau, ses personnages se transforment, gagnent parfois en tragique ce qu’ils perdent en comique, et prennent de l’épaisseur. Le temps fait son office, et l’on finit, quelles que soient ses convictions politiques, par admettre que ses quatre femmes ont essayé de faire pour leur mieux, surtout avec des maris qui, eux, ne leur rendaient pas toujours la vie élyséenne facile…
On ne dira rien de l’épilogue de "La Générale Pompidou", mais il est bien vu et l’on mesurera tout le chemin chaotique parcouru par la France depuis qu’Yvonne de Gaulle avait posé son sac à main à l’Élysée.
Mine de rien, sans se priver de vraiment faire rire, Christophe Guichet a réussi une vraie comédie sur le pouvoir. |