On peut prendre cela comme une marotte chez nous autres les européens, mais depuis les Sugarcubes et Björk, nous avons définitivement pris le pli avec les voix qui sonnent (de loin) comme celles d’enfants.
Lauren Mayberry, la voix féminine du trio écossais de CHVRCHES, en est une nouvelle preuve, puisque derrière les sons électro-pop, ce qui charme avant tout reste bien évidemment la voix fluette, enjouée et faussement innocente avec laquelle elle maquille les (sur) productions du groupe.
D’ailleurs, le premier succès de celui-ci, "Recover", conduisait chaque auditeur à naviguer entre une ligne de synthé accrocheuse et la voix de Lauren qu’on jurait remplie de sanglots. Pour autant, quand celle-ci jette avec rage et avec tout autant d’espoir : "And if I recover, will you be my comfort ?", la fragilité sous entendue par son chant et ses paroles est peu à peu démentie par la sombre efficacité de l’instrumental, mais aussi par les lyrics se faisant de plus en plus vindicatifs "[…] you appear to face the decision I know you fear".
On comprenait alors très vite qu’avec ce qui aurait pu être une dichotomie entre la voix et la machine, CHVRCHES faisait le choix de prendre une tangente tout autre. Car ici, la technique, la machine et les sons synthétiques sont une partie du patrimoine culturel de ces jeunes musiciens, qui préfèrent les écrans aux guitares de leurs aînés.
Syndrome des années 2010 ou non, le trio électronique s’engouffre dans une brèche aussi large que le grand canyon (et qui continue de grandir) tout en apportant leur propre pierre à l’édifice. De fait, ils tentent de reprendre le flambeau, sinon de le porter plus loin que l’on fait des groupes comme The Knife et plus récemment Purity Ring. Ils partagent notamment avec les premiers un titre presque synonyme "The Mother We Share".
Néanmoins, le groupe se démarque de ses influences avec cette aisance propre à la pop. Conquérant avant même le refrain, la première oreille venue, loin des déconstructions sonores qui sont utilisées comme une profession de foi par d’autres groupe qui se réclament de l’électro.
Cette aisance pop, c’est par exemple le titre "Lungs" sur lequel, comme sur "Recover", le beat s’impose dans un jeu de questions-réponses avec la voix de Lauren. "Lies", premier succès du groupe, énergique et féroce, "Gun" et son duo de synthé/refrain sonnant façon année 80. Ou encore Martin Doherty qui campe la place de lead vocal sur les productions les plus assagies de l’album, telles que "You Caught The Light" faisant figure de point final à ce premier album, somme toute, réussi.
Pour autant, certaines pistes auront tendance à pécher par excès de pop, devenant alors des titres dénués d’originalité comparés à la foisonnante scène européenne usant de la même recette.
Le groupe se produira à Paris à La Maroquinerie le 19 octobre prochain, une occasion qui permettra de se faire une véritable impression du groupe, bien plus précise que lors de leurs passages dans les festivals de l’été dernier !
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