FKA Twigs (Formely Known As Twigs / autrefois connu sous le nom de Twigs) est une artiste qui a su construire un monde de silence autour d’elle. Plus précisément, celle-ci a ménagé au silence une place de premier choix au sein de ses productions, le transformant en véritable instrument de musique se pliant aux besoins impérieux des sentiments que la chanteuse souhaite exprimer.
La jeune londonienne le confirme elle-même, elle est une femme qui ne communique pas sans raisons, presque avare de ses mots. Pourtant, ceux-ci coulent avec une aisance emprunte de grâce sur des titres que l’on pourrait croire dénudés et épurés si ce n’était la puissance des sentiments que FKA Twigs évoque.
Et nous ne parlons pas seulement de l’utilisation de blancs, mais bien de constructions apparentées au trip-hop sur lesquelles la voix de la chanteuse se saccade entre deux respirations, se perd en murmure ou en soupir et fait appel à toute une panoplie de sons inattendus.
Avec ce quatre titres, la chanteuse prend le pari double de conquérir à la manière douce des nouvelles oreilles et surtout d’établir solidement son univers comme une base sonore viable (possiblement mercantile) dans une atmosphère où la part belle est faite aux rythmes paraissant faussement plus assumées sur les ondes radios.
Sons évanescents et modernité s’allient avec simplicité sur "How’s That", véritable (ré)introduction à la psyché de la musicienne. Avec ce titre, non contente de nous offrir un single en pente douce, sur laquelle elle maintient son équilibre avec sa seule voix, elle nous livre aussi, une chanson majestueuse et hantée, jouant sur ses sensations personnelles et la répétition mécanique d’un beat sonnant comme un échange de ping pong. Quand "Water Me" aurait sans difficulté trouvé sa place sur l’album Tomorrow In A Year de The Knife, tant sa construction progressive entre voix modifiée et sensibilité à fleur de peau surprend l’oreille. Cette facilité à l’expérimentation est par ailleurs aussi présente sur le titre "Ultra-Violet" qui n’est pas sans rappeler les incursions comprises entre l’acid jazz et le hip-hop classieux de Shabazz Palaces. "Papi Pacify" reprend pour son compte, quelques codes au hiphop, usant à foison des effets langoureux d’une Janet Jackson ou les mouvements plus sensibles et construits d’une Martina Topley-Bird (et par extension, les mouvements de Tricky de Massive Attack).
Vous l’aurez donc compris, contrairement à ce que l’on a sous-entendu ici et là, FKA Twigs s’aventure en dehors des sentiers battus du trip-hop. Et à la manière de la scène londonienne actuelle, ose briser les canons des genres en entremêlant le réseau complexe de ses influences. Ce second E.P. sobrement intitulé EP2 paru chez Young Turks (The XX, SBRTKT, Chairlift) confirme la chanteuse comme étant l’une de celles qui feront l’actualité dans un futur proche.
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