Réalisé par Fabio Grassadonia et Antonio Piazza. France/Italie. Drame/Policier 1h48 (Sortie 16 octobre 2013). Avec
Saleh Bakri, Sara Serraiocco, Mario Pupella et Giuditta Perriera.
Décidément, le cinéma italien est en plein renouveau. Ça ne se sait pas encore vraiment parmi les "critiques officiels", mais peut-être que "Salvo" contribuera à leur ouvrir les yeux toujours obnubilés par les films argentins, coréens ou israéliens…
Premier long-métrage de deux scénaristes siciliens, "Salvo" a pour origine leur court-métrage "Rita" dont on retrouve l’héroïne, une jeune femme aveugle.
Dans une Sicile conforme à sa légende noire, le film commence comme un thriller ultra-violent où Salvo, un personnage solitaire, un cousin du Samouraï qui traînerait sa longue silhouette silencieuse dans les environs de Palerme, tue sans sourciller tous ceux qui s’en prennent à son Parrain.
Tous ?… Eh non ! Ayant exécuté un jeune mafieux, il découvre que celui-ci avait une sœur aveugle. S’il respectait la loi d’airain de son milieu, il devrait également la liquider et, on ne sait pourquoi, ce jour-là, le bourreau n’est pas sans pitié. Son cœur connaît pour la première fois un sentiment de compassion… voire peut-être quelque chose qui ressemblerait à de l’amour ou à un coup de foudre…
Et voilà comment un film bifurque vers autre chose qu’un polar et devient peu à peu un grand drame presque romantique…
Au moment où il devait commettre ce pour quoi il a été dressé, élevé, programmé, conditionné, Salvo, cette machine de mort froide et déterminée, n’a pas pressé sur la détente de son arme et cette décision imprévue le plonge en pleine déréliction, lui fait rejoindre la même nuit que sa victime épargnée.
Fabio Grassadonia et Antonio Piazza ont construit une fiction dialectique où ces deux cécités s’opposent puis s’additionnent afin que jaillisse de leur improbable fusion, au bout des pires cauchemars et des épreuves les plus terribles, une nouvelle lumière.
Œuvre éminemment chrétienne, "Salvo" croit à l’amour et l’offre à ses héros quand leur foi en lui triomphe du mal dont ils proviennent et qui les entoure, les étreint, les terrorise, les fait souffrir…
On n’oubliera pas les deux protagonistes avançant à tâtons dans l’obscurité de ce film qui ne se relâche jamais. La belle Sara Serraiocco est l’idéale partenaire de Saleh Bakri, acteur palestinien parfait en sicilien capable d’allier brutalité et douceur.
"Salvo" de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza est un film tendu, sauvage, mais qui au bout de tout dégage une sérénité, celle des films qui ont su aller au bout d’eux-mêmes…
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