Fraîchement débarqués du label Barclay, nos trois compères embarquent sur leur propre label, nommé non sans humour Titanic Records, pour leur quatrième album. Enregistrés sur la côte bretonne non loin de Quimper (dans la maison de leur clippeur attitré) et chanté principalement en français (le made in France est à la mode) mais en intégrant comme à leur habitude des phrases en anglais, ce quatrième opus révèle de façon encore plus marquée la progression du groupe en composition. Avec la même fougue et immédiateté que le premier album Parmi Eux (le titre "Impossible"), mais avec une plus grande maîtrise musicale déjà perçue sur le second Déportivo et confirmé sur le troisième Ivres et débutants (comme le single "Domino").
Une sonorité toute nouvelle insufflée par l’omniprésence d’un vieil orgue donne un petit côté rétro The Doors pas désagréable du tout à certaines compositions (c’est même ce qui fait la force et l’originalité de l’album). Les thèmes abordés sont les voyages ("En ville", "Toutes les choses"), l’amitié ("Imbéciles", "Personne n’arrive à l’heure"), l’amour et la rupture ("Both On The Same Boat", "Chez Toi").
Parmi les trésors de cet album, on trouve "Personne n’arrive à l’heure" avec son rythme chaloupé comme bercé par les vagues, met bien en valeur la voix écorchée et éraillée du chanteur (il gueule carrément, disons-le franchement) et l’accompagnement à l’orgue donne un aspect psychédélique au pont de la chanson.
"En ville" avec sa boîte à rythme à la "The Kills", sa basse ronde, et donc le fameux orgue évoque le thème des voyages, de l’exil, de la fuite, avec son énumération de diverses villes parmi des paroles qui rappellent les dominos : "Je nous vois, tous les 3… je nous veux tous les 2, en exil". "Impossible" nous rappelle un peu les Arctic Monkeys avec sa batterie qui tape presque sans discontinuer.
"Chez toi" avec son sifflement lancinant du début à la fin (de cocotte minute ? de bouilloire ?) et son orgue qui semble retenir un peu la chanson avec ce petit décalage dans le rythme. "Quand vas-tu te décider à m’inviter à ne plus revenir chez toi ?" nous demandent-ils.
Si l’évolution du groupe continue dans cette voix, on répondrait bien jamais, et c’est plutôt nous qui nous inviterons à leurs concerts pour voir s’ils ont conservé la forme et l’énergie qu’ils avaient à leurs débuts, il y a bientôt 10 ans, et si le navire Déportivo tient toujours autant la marée dans l’océan du rock français.
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