Rendez-vous à la Cité Internationale Universitaire, le CROUS des étudiants étrangers de la ville de Paris où chaque nationalité dispose d'un bâtiment dans le style architectural de son pays. C'est cette Babel qu'a investi le Festival "Les rendez-vous de la lune" pour présenter des artistes de toutes nationalités dans le cadre intimiste des salons de quelques fondations.
C'est là que débute la première tournée français de Klô Pelgag, nouvelle sensation québécoise dont le disque, L'alchimie des monstres, sortira en France en début d'année 2014.
Ce n'est pas la première fois que Chloé Pelletier-Gagnon vient jouer en France puisqu'elle a participé aux rencontres d'Astaffort l'année dernière, joué à Bordeaux, ou à la Maison du Québec à Saint-Malo, mais c'est la première fois que l'occasion lui est donné d'exprimer toute sa folie, d'installer l'écrin de cordes, de cuivres et de bois qui sied à son univers poétique et absurde, et surtout de le présenter sur les routes de France.
Au piano, la jeune montréalaise qui a grandi en Gaspésie se lance dans ses histoires surréalistes où il est question de fétichisme de la seconde peau, de leucémie et de sabre laser ou de meurtre avec l'aviron d'un bateau de papier. Cette chanson, "Comme des rames", est d'ailleurs emblématique de l'univers de Klô Pelgag, qui parle de mort et d' "île à colorier".
Comme tous les artistes dont l'oeuvre est marqué d'une patte, il est difficile de résumer le travail de Klô Pelgag ou de le rapprocher de celui d'autres chanteurs. Il rappellerait plutôt les albums de Philémon de Fred, par son caractère onirique et sa douceur, ou "Drowning by Numbers" de Peter Greenaway par son esthétisme, son rythme, et sa logique paradoxale. Cependant, chez Klô Pelgag, les arrangements ont plus à voir avec la Kate Bush du début des années 80 qu'avec Michaël Nyman, l'auteur des musiques de films de Greenaway, et ses paroles plus avec la poésie de Mathias Malzieu de Dionysos, ou avec L'Herbe Rouge de Boris Vian qu'avec les classiques anglais chers à Greenaway.
Pour revenir au concert que Klô Pelgag a donné ce soir-là à la Maison du Japon, elle s'est présentée avec ses musiciens au complet. Devant un décor aux motifs orientaux dont les couleurs dorées étaient en accord avec sa tenue de scène, la jeune femme a interprété l'intégralité de son album. Pour beaucoup, les spectateurs découvraient ce charmant petit ovni musical. On a même croisé des étudiants venus par hasard, sans connaître, en attendant la musique de l'extérieur.
On se doute que la musique de Klô Pelgag ne restera pas longtemps un secret bien gardé et que, comme pour Yann Tiersen avant elle par exemple, dans quelques temps il sera difficile d'aller applaudir Klô Pelgag dans des conditions aussi idéales qu'à la Cité Internationale ce soir-là.
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