La Maroquinerie s’est changée le temps d’un concert en véritable machinerie, articulée par trois ingénieurs aussi précis que des horlogers suisses. Dans le cadre de leur tournée européenne, CHVRCHES s’est offert une date avec son public parisien entre les murs de La Maroquinerie. Et c’est avec un set bien plus complet que lors de leur fugace passage durant le festival Rock en Seine, en août dernier, que le trio écossais a fait le show.
Parti depuis leur Glasgowshire natal, les musiciens se sont arrêtés en chemin à Londres pour embarquer dans leurs bagages le duo, devenu quintet sur scène, de Thumpers. Un nom ô combien judicieux pour ce jeune groupe qui s’est vu confier les premières parties des dates de CHVRCHES en Europe. Tâche qu’ils remplissent avec efficacité et puissance, puisque comme l’indique leur pseudonyme, le groupe et leur pop énergique expriment avec une pluie de percussion en tout genre, toute la bonne humeur du monde. Et à voir les sourires de surprises et de béatitudes qui ont fleuri un peu partout, autant dire que la bonne humeur de Thumpers fut aussi communicative qu’entraînante. C’est d’ailleurs presque avec un pincement au cœur qu’on a vu ce premier groupe quitter la scène au profit de l’électronique pseudo-cérébral de CHVRCHES.
Car en live et dans une petite salle, les productions léchées du trio se sont avérées être plus tonitruantes et clinquantes, façon hit imparable, que les versions bien plus difficiles d’accès que l’on peut entendre sur l’album The Bones Of What You Believe. "Gun" mais aussi "Lungs" et "Recover" qui sont de base des titres entraînants, n’étaient pas loin d’être des titres à la vocation dansante avérée et ont assuré l’adhésion de la salle au groupe en un clin d’œil. Alors que "The Mother We Share" emportait les derniers septiques dans un mouvement final victorieux plein de grâce.
Entre temps, si le show paraîssait un peu trop apprêté, voire trop préparé, le jeu lumières/décors reprenant les trois triangles du groupe, dévoilait tout une machinerie féerique qui atteignait son paroxysme avec le titre "Night Sky" en reproduisant une pluie d’étoiles filantes. Quant à Lauren Mayberry, elle réaffirmait l’implacable professionnalisme de sa voix, tout en confirmant lors de ses échanges avec la fosse que son capital sympathie auprès des fans est loin d’être usurpé. Et si l’accent écossais était parfois épais, cela n’a pas empêché Martin Doherty d’assurer le chant sur "Under The Tide", moitié show man, moitié hurluberlu surexcité, sautant comme un kangourou sur des braises ardentes. "He’s energic" affirma Lauren d’une voix indulgente, comme l’on dirait d’un enfant, "Il est sous acide" répondirent quelques voix dans le public avec des sourires mi-figue, mi-raisin. Mais quoi qu’il en soit, CHVRCHES trouva le moyen de conclure en poursuivant le mouvement amorcé par leur grand frère canadien de Purity Ring, avec qui ils partagent influences et sonorités, en reprenant un titre à des lieux de leur répertoire habituel.
C’est donc avec "It’s Not Right, But It’s Okay" de Whitney Houston que le groupe concluait la soirée, nuançant ainsi un minimum, l’impression d’un set aux coins bien trop carrés. Bref, CHVRCHES a su faire preuve de piquant mais n’a que rarement quitté les limites déjà posées sur leur premier album et on espère qu’au terme de cette tournée, le trio s’offrira plus d’improvisation sur scène !
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