Un vrai bonheur que de découvrir le nouvel album de Mégaphone ou la Mort, leur précédent opus datant de 2008, ce n'est pas peu dire qu'il était attendu. La patience ayant souvent payé ses débiteurs, c'est un album très abouti que révèle la première écoute. Les arrangements sont minutieusement peaufinés, les compositions encore une fois audacieuses, restent la constante de ces sculpteurs de son. A Silent Language est prétexte à un voyage musical à travers le temps, on retrouve des plaines de Pixies, des montagnes de Rock années 70 et 90 et des arrêts plus précis vers les monuments du Post-Punk ou tout simplement du Rock et de l'Indie.
Basse virevoltante, accompagnée par une batterie frénétique, le jeu des guitares traduisent le plaisir qu'ont pu avoir les musiciens à préparer ce trip musical. Quant à John Martinez, il étend encore et toujours le domaine de sa présence vocale et de son timbre si particulier. Les textes sont percutants, un concentré de phrases courtes, faisant penser à des slogans, cultivant l'originalité de certaines associations linguistiques.
Parmi les titres sortant du lot, "This is my Blood" pourrait être le plus marquant. Guitares saccadées, rythmes syncopés, et voix cherchant la mélodie aux confins des tripes. Un titre sauvage, tout comme le très réussi "Wake up, Romeo". La voix se fait crooner sur la "Chanson de l'Oubli" pour un titre plus sucré, exercice osé mais très réussi. Ou encore pour "Passagers Clandestins", à croire que la langue française est plus opportune à des lignes mélodiques plus intimistes.
Enfin le titre "Cowboy and Aliens", débutant par une basse ronflante et ronde comme une jeune femme séduisante aux courbes généreuses, qui se love tout au long de ses cinq minutes, dans votre esprit faisant génialement monter une tension sourde qui reflète bien l'ensemble de ce disque. Le spectre de Jah Wobble n'est ici pas très loin.
A Silent Language reste un album de plaisir(s), facile d'accès mais dissimulant un travail précis et abouti, fait de mélodies riches et amples. La voix de John ajoutant ce qu'il faut d'exubérance et de folie pour faire basculer ce disque dans la cour des bons disques qui, on l'espère, deviendront moins confidentiels. Faites donc passer le message. |