Non, il n’y a pas que la drogue et les Farc en Colombie, il y a aussi des vous-et-moi qui vivent, qui s’essaient à diverses qualités de cuisine, qui ont des rêves et des projets… Il y a aussi Ndidi, à retenir, à guetter et à conserver. D’origine nigériane, sa voix est la première accroche, sans anicroche ni superflu, elle accroche, envoûte et sidère dès les premières secondes.
Bien sûr, Dark Swing n’est pas son premier album, mais qu’importe ? Sa capacité à transporter a une magie enviée par une grande partie des prédicateurs de fortune. Ndidi n’a aucune prédiction à faire, aucune revendication, elle ne nous casse pas les pieds avec de grands idéaux tous vides et superficiels. Elle touche, point final.
Tout en douceur jazzy, pop-folk blues et rythmes ensorcelants, Ndidi fait la chronique "de A à Z d’une relation qui n’a duré qu’un an. Son cœur s’est brisé en l’espace d’une année". Je la comprends. Bien plus que ce que je voudrai. Il m’a fallu la moitié d’une année pour ratatiner ce qu’il me restait de cœur. Il m’en faudra le triple pour désincarcérer les bribes de ce qu’il peut en rester dans ma pauvre carcasse désolée. Ndidi le sait aussi.
Dark Swing traverse les fameuses étapes du deuil : choc, déni, colère, marchandage, dépression, acceptation. La palette des sentiments se retrouve dans l’album, en 11 épisodes. Comme quoi le chagrin fait aussi faire de belles choses. Sans parler de la perfection des arrangements (comment ça je n’y connais rien ? Bien sûr que si !).
C’est son cinquième album, les plus intimes trouvent cet opus inclassable, ce qui est plutôt une bonne chose, elle signifie que Ndidi a réussi à se renouveler. Je ne la connaissais pas avant, j’ai découvert une artiste sincère et entière dans ce qu’elle a de mieux : la musique. Elle sait s’entourer de nouvelles personnes et enrichir ses collaborations pour sublimer ce timbre de voix reconnaissable entre plusieurs. Profond, de la douceur du grave capable d’une gymnastique des cordes vocables assez improbable que je n’ai osé tenter que dans mon garage vide de voisinage.
Pas besoin de se briser le cœur pour comprendre ou être sensible à Ndidi, il suffit simplement d’être un tout petit peu humain, d’avoir des sentiments et de laisser les émotions qui passent, et celles qui restent venir jusqu’à vous. De la joie, de la tristesse, des regrets, du pardon, de la bonté et de la magnanimité papillonnent autour de Ndidi et de sa musique, de ses compositions, de ses inspirations et de sa voix. Une pause vers soi et les autres en toute quiétude. |