Au début, je l’ai trouvée bizarre, différente, hors norme, l’identité forgée autour de pluies d’étincelles et de piano à bretelles. C’est Ottilie [B] dans Histoires d’O2. Elle affirme elle-même (ou du moins quelqu’un de bien informé affirme pour elle) que son inspiration est tirée de la lecture du roman du même nom Histoire d’O surfant sur la vague décomplexée frisant le voyeurisme… un roman érotique de Pauline Réage.
Si vous n’avez pas lu de roman érotique, vous êtes un peu les has been du moment, idem si vous ne connaissez pas Nabilla ou Zahia qui font plus d’audience que les sujets moroses (comme c’est étrange, les gens ont peut-être bien envie de rigoler un peu ?). Mais (quelle veine !) Ottilie [B] vous propose une session de rattrapage dans ce nouvel album éprouvé sur les scènes de France et de Bourgogne (puisque la Navarre est en France, pourquoi ne pas la remplacer par une autre région avant qu’un redécoupage ne la débaptise).
L’album a une identité propre, résumée en treize titres. De l’électronique, de l’accordéon, du phrasé-parlé, du murmuré, du chanté, du scandé, du chuchoté, du suraigu, du chanté au bord de la faille, du pleuré… personnel et personnalisé. Carrément inclassable.
Imaginez Ottilie [B] comme une fée Clochette, fruit des amours interdits d’un champignon atomique avec une rose des sables au chocolat praliné. En effet, il s’agit là d’une véritable expérience, tout ce qu’il y a de plus expérimental, séparément, chaque élément a une logique et un but connu. Mais ce qu’Ottilie [B] fait, c’est de tout mélanger allègrement, comme si c’était ce que nous devions faire depuis toujours. Le résultat est certes surprenant, mais pas désagréable.
Après avoir intrigué, le style d’Ottilie [B] vous promène dans des contrées improbables à l’avenir certain. Vous reconnaîtrez des paroles, des mots de votre chère France, des rimes et des jeux de mots, des allitérations et consonances en veux-tu en voilà… Si si, les paroles ont une signification, mais elles seront le seul instrument que vous serez capable d’imiter. Parce que Histoire d’O2 donne envie de se mêler au jeu.
Là, il faut impérativement retourner au début du dossier de presse, retourner aux origines d’Histoires d’O2, directement inspiré d’Histoire d’O, érotisme sur le thème de l’offrande de soi et du désir sous toutes ses formes. Mouais. Oui. Moue sceptique. Si vous voulez trouver de l’érotisme, il y en a dans cette musique, tout comme de la joie, de la mélancolie, des bulles de bougies magiques impossibles à crever, qui se tordent entre vos doigts en produisant toutes sortes d’onomatopées fantomatiques.
Inclassable, différent, intimiste, expérimental, original, souple et complètement aware avec accoutumance… les mots manquent pour encadrer l’ovni Ottilie [B]. |