Drame de William Shakespeare, mise en scène de Arny Berry, avec Clément Bernot, Arny Berry, Benjamin Bur, Alexandre Cornillon, Jean-Damien Détouillon, Simon Fraud, Elodie Hatton, Elias Khadraoui, Victor Le Lorier, Audrey Sourdive, Laure Valles et Victor Veyron.
Dans une scénographie épurée toute en bois d’Aurélie Maestre, des colonnes de part et d’autre de la scène recouverte de lattes foncées, et avec des costumes à la touche moderne de Johanna Elalouf, la tragédie de Shakespeare s’ouvre par une scène d’obscurité.
Il en sera de même pendant quasiment toute la pièce, Arny Berry ayant fait le choix d’illustrer ainsi les ténébreux desseins qui cohabitent dans l’antre du pouvoir. Et cela fonctionne, et plutôt pas mal.
Les douze comédiens empoignent à bras le corps la pièce dépoussiérée par une traduction très moderne et font vivre une heure et demie durant l’intrigue qui verra Macbeth monter au pinacle par ambition et en chuter aussi lourdement. Une version qui trouve une résonance particulière avec notre époque bouleversée.
Il n’y a pas à dire : Arny Berry sait y faire pour créer des ambiances et des images flamboyantes, c’est assez réjouissant. Le fond de scène est judicieusement utilisé pour des projections ou des ombres chinoises. Les différents tableaux avec un budget relativement modeste parviennent tous à être éclatants et on est tenu par ce "conte fantastique" qu’on ne lâche pas en route.
L’approche physique de cette adaptation est captivante, des sorcières aux combat d’épées de Jérôme Tomray : tout envoûte dans ce "Macbeth" qui propose une version saignante et mobile, va droit au but et s’amuse avec le drame. Les comédiens sont tous épatants et l’on sent l’équipe solidaire.
Bien sûr, on notera la composition faite par Arny Berry d’un Macbeth à la volonté confuse, fasciné par le mal.
L’avignonnaise Laure Vallès est une fois de plus excellente en Lady Macbeth avec une belle précision de jeu; Victor Veyron montre une solide présence en Macduff et Simon Fraud est un réjouissant Malcolm. Mais les douze sont à féliciter tant le groupe est homogène.
Les puristes pourront toujours pinailler sur les quelques libertés prises avec le texte, il n’empêche qu’Arny Berry et sa Compagnie La Société des écrans, signent là une adaptation fiévreuse et étincelante de cette "histoire pleine de bruit et de fureur avec beaucoup de succès.
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