Coincé entre l'artillerie lourde des festivals estivaux et les incontournables Transmusicales, le festival des Indisciplinées propose, chaque année, la première semaine du mois de novembre, une programmation variée : pointue, à l'image de Colin Stetson ou encore de A Place To Bury Stangers, mais également accessible (Fauve, Aluna George, Griefjoy).
Disséminé dans plusieurs salles lorientaises, le festival s'offre tout de même cette année le luxe d'accueillir Christophe qui jouera ce dimanche au Grand Théatre de Lorient. Les vieux briscards post punk auront même la possibilité d'aller écouter les Chameleons, ce dimanche au Gallion. Un vrai festival breton proposant une programmation éclectique et la fameuse bière "les Bonnets Rouges", ça ne s'invente pas...
Jeudi 7 novembre
Ce soir au Manège de Lorient, c'est un peu la nuit des grandes guitares. Death Engine, Wall Of Death et A Place To Bury Stangers partagent l'affiche.
Les locaux de Death Engine restent la bonne surprise de cette soirée. Navigant entre métal à la Converge ou Deafheaven et dissonances bruitistes plus arty, le trio dégage une époustouflante puissance sonore : riffs lourds, double grosse caisse. Pour les non initiés, les hurlements du chanteur peuvent être déroutants, mais finalement on ne peut qu'être intrigué par ce trio puissant.
Bien plus, d'ailleurs, que par la prestation assez décevante du trio Parisien Wall Of Death qui propose ce soir un infâme potage psychédélique pompeux à base de son étriqué, de nappes de Fender Rohdes jusque la nausée. Autant dire que cette prestation fut interminable et douloureuse. Comble de malchance, nous sommes arrivés au bar lors du changement des fûts.
En fait, une des principales raisons de notre présence ce soir, c'est de vérifier si les New Yorkais de A Place To Bury Strangers vont confirmer leur statut de "groupe le plus bruyant du monde".
Connus pour bricoler leurs propres pédales qui répondent aux doux noms de "Fuzz War" ou encore "Apocalypse", les New Yorkais se sont fait remarquer pour leurs trois premiers albums shoegaze sans concessions, portés par des basses froides et martiales et des déflagrations de larsen fuzz qui feraient passer Jesus And Mary Chain pour Oasis.
Souvent cachés derrière un épais écran de fumée ou affairés à leurs pédales, le trio s'est livré à son activité favorite : du bruit et des larsens enrobant une voix fantomatique et lointaine. On retiendra les impeccables "Ego Death", "Missing You", "So Far Away" ou encore le plus récent "Worship".
Le trio n'évitera pas quelques dissonances un peu longues et inutiles et quittera la scène sans un bonsoir ni un merci.
Le groupe de Brooklyn aura cependant largement été à la hauteur de sa réputation avec un final qui n'était pas sans rappeler (toute proportion gardée) le fameux "holocauste" de My Bloody Valentine : mur du son et stroboscopes à faire fuir un épileptique.
Vendredi 8 novembre
"Smells Like Teen Spirit", ce soir à l'Espace Cosmao Du Manoir. Impossible d'échapper à l'influx massif d'ados en direction de la salle de concert lorientaise. La présence de Fauve à l'affiche de cette soirée du festival y est sûrement pour beaucoup.
Arrivés un peu tard pour The Lanskies, on constate malgré tout que les Normands ont bien chauffé le public et ça pogote même sur le rappel.
Anciens lauréats des Inrocks Lab sous le nom de Quadricolor, les Niçois re-baptisés Griefjoy ont proposé cette année un premier album pop teintée d'électro, comme c'est la mode pour le meilleur ou pour le pire chez la grande majorité des jeunes groupes français. Si le groupe ne change pas les lignes du genre, leur compositions dansantes et leurs refrains pop ont conquis une grande partie du public lorientais.
Difficile cette année de passer au travers de Fauve. Adulés par les uns, détestés pour les autres (avec plus ou moins de mauvaise foi), il s'agissait pour moi d'une première, puisqu'à part quelques extraits entendus çà et là, ce groupe ne m'inspire rien si ce n'est une certaine indifférence.
Cette soirée m'aura au moins permis de me faire un avis : on m'avait parlé de textes inspirés qui soulevaient de réels problèmes de fond. Pour ma part, j'ai entendu des textes niveau première L fan de Damien Saez. La tentative de crédibilité "nous aussi on aime bien Daniel Darc" par le biais de videos de Taxi Girl m'a gentiment fait marrer. Espérons au moins que le public ado de Fauve aura la curiosité d'aller écouter l'oeuvre du grand Daniel. Bon, le groupe aura eu le mérite de se mettre au niveau de son public : "on kiffe trop d'être là, c'est trop ouf". Voilà Voilà...
B(l)izarrement, la salle se vide d'un coup. Seuls quelques braves restent pour la prestation de Superpoze. Beat syncopés, électro bien sentie, les fans de Fauve auraient été bien inspirés de rester... |