Après Première Mue en 2010, Archipel est le deuxième album de Peau, le projet musical de Perrine Faillet, artiste touche-à-tout. Enregistré dans le Vercors, ce nouvel opus confirme Peau comme tête chercheuse et exploratrice de terres musicales très peu défrichées en France. Si le parcours ou l’audace d’une Camille a probablement influencé son parcours, Peau évoque musicalement d’autres électrons libres comme Björk, Fever Ray ou les derniers Radiohead.
Dans un monde idéal, le single "Instant T", mélodique et entraînant, serait un hit sur toutes les fréquences radio et le clip (un petit chef-d’œuvre, à découvrir absolument) tournerait en boucle sur les chaînes musicales. Le chant, en français sur quasiment toutes les chansons, se fait plus proche du murmure ou d’une berceuse ajoutant ainsi à l’atmosphère irréelle et féérique de l’album.
Ici, rien d’exubérant, tout est dans la subtilité, la justesse, la retenue selon les préceptes fondateurs de Mark Hollis et de son Talk Talk. Le silence y a toute sa place, comme un instrument à part entière. On est dans l’épure plutôt que dans l’addition d’éléments sonores. Peau réussit son coup : les compositions sont suffisamment solides pour résister à ce dépouillement. Si Archipel fait la part belle aux sonorités électroniques, minimales mais toujours pop, quelques pistes plus acoustiques et dépouillées comme "Uyuni" ou "A demi nue" viennent s’ajouter à l’édifice sans bouleverser le délicat équilibre et l’harmonie du disque.
L’album se termine par "Avalanche", longue plage onirique et entêtante, qui semble vouloir se détacher de l’archipel pour atteindre, non pas la terre ferme, mais bel et bien l’horizon, cet inconnu. |