4 titres, 22 minutes, présentations avec Radio Elvis, Juste avant la ruée.
Des guitares entêtantes, une voix grave venue de nulle part, des premiers mots lancés comme un ricochet sur un lac tranquille… Goliath, une voix d’Elvis à la française, du rock gaulois dans tout ce qu’il sait faire de classe, entre le petit doigt levé et la tasse de thé, le dandy-british n’est pas loin, mais le romanesque est d’ici.
Radio Elvis s’affilie à Noir désir, Bashung, Dominique A et les 16 Horsepower. D’accord. Il s’est inspiré des univers de Magritte et Jack London. D’accord. Donc il n’y a plus rien à dire ? Bien sûr que si, il y a toujours quelque chose à dire.
Radio Elvis a tout fait lui-même avec les dix doigts de ses deux mains. L’EP m’est arrivé avec un post-it sur lequel étaient écrites les coordonnées complètes d’un certain Alfred. Oui, je sais, a priori sans importance, et tout le monde s’en fiche, mais au même moment, je m’étais entichée d’une rétrospective toute en frisson d’angoisse d’Hitchcock… Je ne vous raconte pas le drame.
Bref, j’ai trouvé un peu d’Hitchcock dans Radio Elvis. Ce côté visionnaire, ce calme avant la tempête, cette exigence de la perfection. Sans me pencher au-delà du raisonnable sur la qualité des accords (héhé), la musique semble toute propre, toute lisse, sans déchirures, sans grattement. Non ! Je n’ai pas dit qu’elle n’avait pas de volume, bien au contraire, mais sa profondeur est comme les ronds dans l’eau du lac placide, parfaitement symétrique, d’une régularité frôlant le démoniaque.
Et c’est là que le français du rock s’en va pour que l’angliche du rock s’en vienne, pragmatique, chantant "Juste avant la ruée" avec un flegme tout britannique. Je ne suis pas non plus certaine que la France soit plus spontanée. Allez hop ! Terminé les clichés ! (pourtant c’était drôle).
Radio Elvis ne chante pas seulement la symétrie et l’homothétie parallèle toute cartésiennement mathématique, il chante le voyage. "Homme libre, tu chériras la mer" (mon ami Victor Hugo), La traversée ne représente pas seulement le voyage physique, mais le voyage psychique… les souvenirs… les regrets… les remords… les amis… les emmerdes…
Il chante ce qui touche le peuple ! Le cheminement intérieur, les choix du destin, les plus petits contre les plus forts…. L’amûûûûûûrrrr ! Si vous ne retrouvez pas un petit bout de vous chez Radio Elvis, et bien c’est que vous êtes tout vides au-dedans de l’intérieur de vous-même. Un peu de poésie, du romanesque et ce petit frisson entre angoisse et perte de repères.
Une seule respiration… Ce bruyant silence dans la maison vide, juste avant que les oiseaux ne trouvent la piste du méchant loup pour rentrer dans la maison : la cheminée. Et Radio Elvis est là, juste là. Cherchez bien. Il rassure, calme, frémissant à petits bouillons retenus et tellement délicat ! Un vrai gentleman. |