Pièces courtes de Thomas Bernhard, mise en scène de Catherine Hiegel, avec Judith Magre et Catherine Salviat.
Spectacle en trois actes et un intermède du dramaturge autrichien Thomas Bernhard.
Première partie : deux dames bien mises, sorties de l’église, découvrent un cadavre à la lisière du bois. Est-ce bien un cadavre ? Et si oui, n’est-ce pas bien intéressant pour un dimanche ?
Deuxième acte : Deux dames, toujours, devisent pendant qu’un fossoyeur creuse la fosse d’un monsieur comme il faut, mort en pleine santé.
Enfin, une femme en peignoir, acariâtre, gémit sur sa vie, pendant que son mari, policier, regarde une rencontre de ballon, dans la pièce à côté, à des lieues d’elle.
En commun ? La xénophobie ordinaire, la haine des temps nouveaux, le regret recuit de cette grande Autriche, réduite, annexée par l’Allemagne, rendue, minuscule, à ses strictes dimensions, la grisaille des jours de Vieux, le manque de charité envers soi-même et les autres.
La phrase est brillante, les mots coupants : c’est du bon Bernhard, même si ce n’est pas le millésimé.
Deux sublimes comédiennes, Catherine Salviat, de la Comédie-Française, excellente dans ce rôle de petite-bourgeoise bornée et frustrée, qui hurle parfois, haut dans les aigus, tant la vie est décevante, aux côtés de ce "monstre" de beauté, de force et d’étrangeté qu’est Judith Magre, icône brune, qui peut tout jouer, avec douleur, drôlerie, âpreté.
On regrettera ce quizz "raciste" lourdaud, entracte de citations "éneaurmes" de divers protagonistes, qui laisseraient dangereusement penser : si tout le monde est raciste, pourquoi pas moi ? A retirer ou raccourcir d’urgence.
La mise en scène de Catherine Hiegel, autre grande dame du Français, est imaginative et efficace, avec la présence d’Antony Cochin.
Duo redoutable où échangent la bêtise et la répétition, "Dramuscules" frappe fort et cruellement. |