L'année 2013 se clôt au Grand Palais avec une exposition étincelante consacrée à une des plus grands noms de la joaillerie..
Après la maison Van Cleef & Arpels qui avait illuminé le Noël 2012 avec l'exposition "Van Cleef & Arpels - L'Art de la Haute Joaillerie" au Musée des Arts Décoratifs, c'est la maison Cartier, l'autre fleuron du groupe suisse Richmond.
"Cartier - Le Style et l'Histoire" propose une immersion non seulement dans le domaine intemporel du luxe hors d'atteinte du commun des mortels mais également dans l'histoire moderne
des arts décoratifs et le savoir-faire et la force créatrice des artisans de la joaillerie et de l'horlogerie.
Réalisée par la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais, l'exposition conçue par Laurent Salomé, conservateur en chef du patrimoine et directeur scientifique de la RMN- Grand Palais et son adjointe Laure Dalon, conservateur du patrimoine, investit le tout récemment restauré Salon d'honneur du Grand Palais dont elle consacre la réouverture.
A volume majestueux - 1200m² et 17 m de hauteur sous verrière - et à exposition de prestige, une scénographie grandiose et spectaculaire s'imposait.
Elaborée par les scénographes-designers Nicolas Groult et Sylvain Roca, elle érige le salon d'honneur en cathédrale du luxe dans lequel est transporté le visiteur à la faveur du "Cartieroscope" créé par l'agence de graphic design Antoine+Manuel consistant en la projection sur les arches d'une fresque animée.
Composée de plusieurs créations visuelles inspirées des thèmes et styles qui ont fait la réputation de la maison Cartier, elle anime le lieu plongé dans pénombre et les scénographes, avec la collaboration de Vyara Stefanova pour les lumières, subliment 600 pièces de collection retraçant plus d'un siècle de création jusqu'aux années 1970.
Cartier - Diamonds for ever
Placées dans l'axe palatial du Salon d'honneur, deux colonnes translucides constituent les points d'orgue de l'exposition avec la présentation de pièces d'exception. Ouvrant l'exposition, un carrousel décagonal magnifie une fabuleuse collection de dix diadèmes en platine et diamants du début du 20ème siècle, témoins de la spectaculaire réussite de la maison Cartier.
Fondée en 1847 par Louis-François Cartier occuppant une échoppe rue Montorgueil, elle s'installe en 1899 rue de la Paix dans le carré d'or autour de la Place Vendôme qui fait de Paris la capitale de la mode et du luxe.
Car les créations de la maison Cartier, séduisent par leurs références au clacissisme inscrit dans la tradition française et la perpétuation du bon goût "à la française", et celle-ci s'impose "joaillier des rois".
Dans la perspective, une deuxième vitrine circulaire rassemble une collection des "miracles" de l’horlogerie que sont les pendules dites "mystérieuses" inaugurées au début des années 1920.
Car très vite, pour élargir sa clientèle, Cartier s'est orienté vers la création d'accessoires pour hommes et femmes pour élargir sa clientèle et vers l'horlogerie.
Et dix-huit pendules exceptionnelles sont pour la première fois présentées réunies,
Elles se caractérisent par leurs aiguilles "flottantes" dans un corps transparent, car non directement reliées au mouvement mécanique, qui résultent du détournement d'une astuce du magicien Houdin.
Autour de ces deux pôles d'excellence, se déploie un parcours chronologique ordonné en sections illustrées de documents d’archives, tels les croquis préparatoires, et mises en résonance avec des documents iconographiques et des vêtements d'époque,
Elles correspondent aux différentes périodes de l’histoire de la maison Cartier. du néo-classicisme originel à l'assouplissement du style passant par le retour de l'or.
Ces périodes, qui correspondent souvent à celles de l'histoire des arts décoratifs hors le mouvement Art Nouveau, scandent l'évolution d'un répertoire influencé par le style moderne avec la simplification des formes et, surtout, l'élaboration du "style" Cartier.
Ce style, placé sous l'emblème de la fameuse panthère, symbole de la marque, tient en premier lieu à l'utilisation privilégiée du platine permettant la création de bijoux articulés et des pierres gemmes avec la folie des pierres précieuses et la valse des carats.
Mais Cartier se singularise également par ses choix novateurs et audacieux en terme d'association chromatique, avec le bicolore noir/blanc avec l'association noyx/diamant qui décline le graphisme du style Art déco et l'alliance du vert de l'émeraude et du bleu du saphir inspirée de la palette de l'art islamique avec un acmé multicolore et l'avènement du style "Tutti frutti".
La couleur est également liée à la quête de l'exotisme, qui a les faveurs des exubérantes Années folles et des "nouveaux riches" enclins tout aussi au luxe ostentatoire qu'à la fantaisie débridée,. qui renouvelle le vocabulaire créatif avec des sources d'inspiration situées aux confins tant historiques et géographiques.
Ainsi l'Orient, de l'Egypte au Japon, offre un thésaurus largement décliné.
Ainsi en est-il notamment, et entre autres, des parures d'inspiration indo-persane et des bijoux élaborés à partir de vraies antiquités rapportées d’Egypte, telles les fameuses broches-scarabées. ou de pièces anciennes en jade chinois.
Ce parcours chronologique est ponctué de vitrines "focus" dédiés aux clientes éminentes de la maison Cartier.
Et ce ne sont pas de têtes couronnées de la vieille Europe mais des roturières américaines.
Au premier rang desquelles les héritières de grandes fortunes, à l'instar de Barbara Hutton héritière des magasins Woolworth, Daisy Fellowes héritière de la Singer Company et de Marjorie Merriweather, héritière de ce qui deviendra la Post General Foods Corporation.
Leur coffret à bijoux rivalise avec celui des bienheureuses divorcées de millionnaires comme Wallis Simpson et des
stars hollywoodiennes de Maria Félix à Elisabeth Taylor.
Mesdemoiselles et mesdames, il n'est pas interdit de rêver.
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