Comédie dramatique mise en scène par Florian Pautasso, avec Stéphanie Aflalo, Lou Chrétien et India de Almeida.
Lorsque le spectateur pénètre dans la salle, un arrangement inattendu de l'espace l'attend. Des bancs qui créent un angle à 90°, deux chaises, une table, une lampe avec une ampoule nue et une plante posée sur la table dans l'angle.
Dans l'espace ouvert, se tiennent trois jeunes femmes, les amantes du poètes venues lui rendre un dernier hommage. Dans leurs mains, un livret inédit "Incroyable Irraisonné Impossible Baiser" à lire de manière posthume sur sa tombe.
Or ce livret n'est composé que de pages blanches. Les trois femmes commencent alors un échange sur l'amour, le sexe, leur relation avec le poète.
Paris, habillée de rouge, sensuelle, longs cheveux noirs, est l'amante charnelle. Hole, vêtue de noir, certaines parties du corps visibles par transparence est fascinée par la mort. Lisbeth, blonde, en bleu ciel, est l'amante innocente qui n'a connu qu'un seul amour.
Florian Pautasso, avec "Incroyable Irraisonné Impossible Baiser", continue un travail d'écriture et de mise en scène original et personnel. Son théâtre se rapproche à bien des égards de la danse contemporaine. L'échange entre les trois actrices vise plus à faire naître chez le spectateur un spectre d'émotions qu'une réflexion sur un sujet clairement défini.
De même, comme dans nombre de ballets, ses personnages correspondent à un trait de caractère clairement défini, et composent des figures ensemble, en pas de deux ou en soliste, selon un modèle mathématique prédéfini.
La pièce est portée par trois artistes très investies, Stéphanie Aflalo, Lou Chrétien et India de Almeida qui malgré leur jeune âge saisissent leur rôle à bras-le-corps. Si parfois un manque d'aisance peut transparaître, il est compensé par l'énergie fougueuse du jeu.
Parfois, le spectacle, de par son principe, tourne à l'exercice de style imposé. Dans ce cas, la sensualité et l'émotion disparaissent. Florian Pautasso semble en être conscient puisqu'il pousse alors volontiers ses actrices vers un jeu plus caricatural, qui compense la perte de l'émotion par des sourires ou des éclats de rire.
D'ailleurs, cet arrangement de l'espace ne correspondrait-il pas à des cuisses écartées sur lesquelles les spectateurs s'assoient et au sommet desquelles trône un buisson parfaitement fourni, comme un clin d’œil grivois qui vise à dédramatiser la situation, et un baiser dans le titre qui eut être lu comme un verbe ? |