Comédie de Molière, mise en scène de Jérémie Milsztein, avec Céline Bévierre, Brice Borg, Jérémie Milsztein et Emmanuel Rehbinder.
Première comédie ballet commune à Molière et à Lully, "Les Fâcheux" n’est qu’un prétexte à divertir. Éraste, jeune gentilhomme amoureux d’Orphise, dont les desseins sont contrariés par Damis le tuteur de son aimée, cherche à la rencontrer pour dénouer la situation.
Cela paraît simple à dire, mais plus difficile à faire, car sur la route d’Éraste va se dresser une collection presque exhaustive de tous les fâcheux possibles, obstacles insupportables et incontournables.
Bavards, sans gênes, pots de colle de tous poils, vont se donner le mot pour mettre à mal sa patience pour le plus grand plaisir des spectateurs. Molière a conçu une farce très drôle en dressant des portraits de fâcheux que n’aurait pas désavoués La Bruyère.
Dans leur version moderne et sans musique de chambre, Jérémie Milsztein et Brice Borg ont mis l’accent sur le rythme. Ici, on ne perd pas une seconde et c’est dans un tourbillon de fâcheux qu’est emporté Éraste, incarné avec l’énergie d’une pile électrique par Emmanuel Rehbinder.
On s’amusera donc vraiment devant ces "fâcheux", tous interprétés par Brice Borg, qui les compose avec délectation et sans jamais se répéter. On s'amusera d’autant plus que cette version ne commet aucune faute de goût.
Ainsi le remplacement de Lully par une chanson de Dario Moreno et par le duo émouvant d’Éraste et d’Orphise, se substituant à Georges Moustaki et à Barbara pour invoquer "la longue dame brune", ne pose aucun problème.
Ce quatuor de jeunes acteurs a compris que Molière ne nécessitait pas la lourdeur d’un inutile second degré. Tout juste se permettront-ils quelques taquineries en esquivant quelques pas de danse un peu anachroniques et en utilisant avec bonheur et sans lourdeur quelques minutes de vidéo.
On les remerciera pour cette heure réussie chez Molière qui pourrait être l’occasion de le faire aimer à bien des collégiens et des lycéens pas encore persuadés de son intérêt. Avis à leurs professeurs ! |