Comédie de Anca Visdei, mise en scène de Pauline Macia, avec Michael Cohen et Barbara Lambert.

Dans "La Patiente" celle qui porte le rôle-titre se plaint que son psy réponde à ses questions par des questions.

C’est pourtant comme cela que l’on a envie de commencer à parler de "La Patiente" : est-ce que le théâtre et la psychanalyse peuvent faire bon ménage ? Est-ce qu’on peut rester 75 minutes dans l’intimité du cabinet d’un psychanalyste en compagnie d’un de ses patients ?

Depuis quelques années, la fiction semble s’intéresser de plus en plus à ce huis clos, à ce suspense à deux qu’est la cure analytique.

Datant de 2003, la pièce de la dramaturge franco-roumaine Anca Visdei est typique de cette vague qui a vu s’allonger toutes sortes de gens sur un diva : du "Visiteur" aux "Soprano", la psychanalyse est bien devenue un sujet populaire.

"La Patiente" prend bonne place parmi les œuvres citées, même si Catherine, la jeune femme dont on suit l’analyse se refuse à s’allonger sur le sacro-saint divan qu’elle trouve, non sans raison, assez moche.

Comme, Jacques, le psychanalyste, accepte cette "transgression", on peut dès lors dire que "La Patiente" est une œuvre qui ne cherche pas le "réalisme". Il faudra d’ailleurs sans doute que les "habitués" du freudisme admettent tout de suite qu’Anca Visdei a une vision très personnelle de la pratique psychanalytique ou qu’elle la connaît de loin.

Nonobstant cette méconnaissance, elle a tissé un joli dialogue que les deux protagonistes, dans la mise en scène de Pauline Macia, rendent crédible.

Dans le rôle de la cliente, Barbara Lambert a l’abattage d’une actrice qui devrait faire les beaux jours du "Boulevard". On appréciera ses tenues toujours très seyantes, toujours différentes à chaque séance, et la facilité remarquable avec laquelle elle passe de la colère aux larmes et au rire.

Face à elle, Michaël Cohen est un psy pataud et patelin, au jeu malgré tout subtil et rentré, capable avant de recevoir sa belle patiente de pousser un cri primal toujours renouvelé. Avec lui, la psychanalyse est un sport de combat.

Écrite avec soin pour que l’amour finisse par triompher, cette comédie légère doit beaucoup à ses interprètes qui font très bien fonctionner un duo improbable.