Montage de textes de Guy de Maupassant, mise en scène de Philippe Person, avec Anne Priol, Emmanuel Barrouyer et Pascal Thoreau.
Philippe Honoré s'est penché sur l'abondante production littéraire de l'écrivain Guy de Maupassant ainsi que sur ses chroniques et sa correspondance, pour assembler un florilège de morceaux choisis à partir de la figure de la femme qui semble constituer une des portes privilégiées tant pour appréhender l'homme que l'oeuvre.
Il ainsi élaboré, sous le titre évocateur de "Les Maupassant(es)", une partition mosaicienne articulée autour d'une trame dramaturgique qui va de cresdendo de la légèreté de la mascarade amoureuse entre femmes à la cuisse légère et hommes égrillards à l'agonie asilaire de l'éternel célibataire adepte de l'amour libertin qui pratiquait, selon une terminologie contemporaine, le sexe décomplexé.
Car si celle-ci ne se veut pas une biographie théâtralisée elle constitue néanmoins une approche biographique par voie de résonances et, en tout état de cause, une incitation à la découverte d'un écrivain et à l'approfondissement d'une oeuvre.
Comme toujours la mise en scène de Philippe Person repose sur la sobriété ce qui n'exclut pas en l'espèce une grande variété de registres incluant celui de la fantaisie, tel par exemple la nouvelle sur la moustache délivrée comme un défilé de mode, qui met en relief les différents angles de vision utilisés par l'écrivain.
Dans le décor subtil de Vincent Blot qui utilise judicieusement des illustrations de Félicien Rops sous forme de paravents en miroir, dont celle fameuse de "La dame au cochon" métaphore de l'ambivalence du rapport de domination qui régit les relations homme-femme, et les superbes lumières de Alexandre Dujardin, se déroulent une succession de saynètes qui va mener l'écrivain de la drôlerie des prosaïques relations amoureuses à l'angoisse existentielle au gouffre de la folie.
Sur scène, un excellent trio de choc : deux hommes, personnages archétypaux du vaudeville, le fringuant militaire fort du prestige de l'uniforme qui fait pâmer les dames (Emmanuel Barrouyer) et le bourgeois noceur toujours en quête de bonne fortune (Pascal Thoreau) entourent l'Eternel féminin maupassantien par essence, par nature même, frivole et infidèle qu'incarne avec naturel la délicieuse Anne Priol. |