On aurait tendance à réduire facilement Magic Malik à flutiste jazz et à sa technique de jeu particulière, entre improvisation pointilliste et soufflé-chanté, mais son univers dépasse largement les frontières de son instrument. Preuve en est encore avec ce nouvel album : Tranz Denied.
Avide de découvertes, de recherches et d’ouvertures sonores, Malik Mezzadri s’est aventuré aussi bien dans le jazz avec son Magic Malik Orchestra, que dans des choses plus expérimentales, dans les musiques électroniques, avec Laurent Garnier par exemple, ou la chanson. Ici, nous sommes dans une sorte de choc des cultures, un disque brut et direct, l’enregistrement ne s’étant étalé que sur seulement cinq jours. L’idée de ce projet est née en 2011 alors que Magic Malik était pensionnaire avec Gilbert Nouno à la villa Médicis de Rome. Se sont associés ensuite DJ Oil (producteur et membre des Troublemakers) et le percussionniste Hubert Motteau.
Ce Tranz Denied marque un tournant dans la carrière du musicien qui semble s’éloigner, un peu, du jazz pour mieux apprivoiser une sorte d’électro pop alliée à une musique plutôt contemporaine, qui serait peut-être plus grand public selon son auteur, mais chose qui reste pour nous encore à démontrer. Préparé en amont, Malik n’a rien écrit avant de rentrer en studio, laissant libre cours pendant les sessions d’enregistrement à la spontanéité, l’imagination et une certaine forme d’improvisation. Le résultat est assez surprenant. Sans frontières ni barrières stylistiques, les morceaux avancent librement, n’hésitent pas à s’étirer comme sur "Dark Stone" ou le dérangeant "North", sont aussi bien influencés par le métissage, souvent oriental que par Pat Metheny et comportent même des parties chantées, en faux japonais dans "Shibuya Memories" par exemple.
Débridé, ce Tranz Denied devrait sûrement marquer la carrière de Magic Malik et mérite que l’on y prête une oreille. |