Comédie dramatique de Thierry Debroux, mise en scène de Frédéric Gray et Géraldine Clément, avec Frédéric Gray et Christelle Maldague.
Quinze ans après l’écriture de "Frankenstein" (1816), Lazzaro Spallanzani reçoit l’auteur Mary Shelley pour l’interroger sur la naissance de ce mythe. Or, celle-ci ne semble pas disposée à lui faire des révélations.
Dans une ambiance fantastique que ne renierait pas le roman de Mary Shelley, scénographie absolument parfaite conçue par Noart, le spectacle de la Compagnie La Clique propose un face à face d’exception entre deux personnages aussi énigmatiques en apparence, que meurtris (on le découvrira au cours de cette mémorable nuit d’orage).
Le texte brillant et psychologique de Thierry Dubroux est une joute oratoire de tout premier ordre pour deux comédiens, encore faut-il qu’ils soient bons. Et bien dirigés. C’est le cas avec l’aide de Géraldine Clément à la co-mise en scène.
On connaissait le talent de Frédéric Gray, excellent dans le précédent spectacle de la compagnie, "Jean et Béatrice" ; il est ici méconnaissable : barbiche, l’œil inquiétant, la voix pointue, il semble lui-même être la créature de Mary Shelley. Son interprétation en perpétuelle évolution tout au long de la pièce est un vrai plaisir.
Mais la grande révélation de "Mademoiselle Frankenstein" c’est Christelle Maldague qui incarne une Mary Shelley tout en retenue. D’abord sur la défensive, utilisant son talent pour esquiver avec humour et spiritualité les questions embarrassantes et le sarcasme de Spallanzani, elle révèlera bientôt des secrets enfouis en même temps que son hôte, rendant cette rencontre extrêmement poignante et particulière.
La comédienne porte à incandescence son personnage et touche inévitablement par sa sensibilité et sa profondeur. Elle est formidable.
Très grand moment, captivant de bout en bout, où les deux comédiens font de cette confrontation de deux identités portant chacun un passé dramatique, un splendide bonheur théâtral. |