Spectacle écrit et mis en scène par Bertrand Bossard, avec Louise Belmas, Vincent Berger, Bertrand Bossard et Benjamin Farfallini.
La pièce "Le jeu des 1000 euros" est inspirée du jeu bien-connu de France Inter, rendez-vous incontournable de la grille des programmes de la radio publique.
Mais Bertrand Bossard ne se contente pas d'imiter le jeu, tel qu'il existe actuellement, ou d'en démonter les rituels, il le transpose dans un futur proche où une police de la pensée régnera sur nos cerveaux lobotomisés par des jeux incapables de stimuler nos cellules grises.
Rejouer le jeu des 1000 euros sera donc un acte de résistance, un moyen d'apprendre à une population soumise l'importance de la culture générale prémisse nécessaire afin de commencer à réfléchir par soi-même.
La pièce commence comme si le jeu était enregistré en direct, en faisant appel au public pour trouver les candidats. Les éliminatoires commencent. Les participants répondent, de manière juste ou à côté.
Bertrand Bossard et Vincent Berger improvisent autour de la ligne principale de leur texte pour répondre aux participants d'un soir. Le public souffle les réponses dans une ambiance très bon-enfant, avant que les candidats retenus ne commencent à sortir de la route bien tracée des questions-réponses.
Drôle et percutante, la pièce de Bertrand Bossard rappelle l'importance du savoir, non par lui-même, mais comme instrument propre à nourrir la réflexion. Il souligne aussi combien notre société de communication et de spectacle tend à simplifier les concepts et à réduire les auteurs à quelques tirades ou quelques définitions de dictionnaire.
La dimension fantastique de la pièce, qui commence au son d'"Also Sprach Zarathustra" de Strauss, pièce musicale inséparable de "2001 Odyssée de l'Espace" de Stanley Kubrick, et qui voit deux cosmonautes arriver en combinaison sur scène, et se termine dans le cerveau (en latex) de Gilles Deleuze, est tout aussi réussi car complètement décalé.
La scène finale démontrant à quel point les théories de Deleuze ne peuvent être compréhensibles si elles sont réduites à trois concepts caricaturaux est ahurissante au sens propre du terme.
Quant à la participation du public, ou à la chanson en intermède musical d'un artiste, ce sont des parenthèses astucieuses qui cassent les codes et dynamisent l'ensemble. C'est Albin de la Simone qui a composé "La complainte du métallophone", et Gérald Kurdian qui, pour les représentations au Théâtre de La Commune, se prête au jeu de la question musicale.
Malin, rapide, intelligent et drôle, "Le jeu des 1000 euros" est à la fois un projet ambitieux et une pièce de détente particulièrement réussie. |