Spectacle conçu et mis en scène par Jean-Luc Revol, avec Olivier Broda, Marie-Julie de Coligny, Cédric Joulie, Anne-Laure Pons, Valérie Thoumire, Richard Bartolini et Louise Jolly.
On ne résumera pas l'argument de "Narcisse" de peur de tout raconter de la pièce de Jean-Jacques Rousseau. Écrite alors que le Genevois n'avait guère plus de vingt ans, ou peut-être encore moins, "Narcisse ou l'Amant de lui-même" est une œuvre de jeunesse qui ne prétend pas révolutionner l'art théâtral.
On y bavarde plus qu'on y agit et l'on se dit que le génie en gestation de Rousseau pointait déjà puisqu' il a compris que sa pièce ne devait pas dépasser un acte. Mais, au fond, qu'importe ?
Prétexte à une leçon de morale sur l'être et le paraître, heureusement pas du tout rabat-joie, "Narcisse" a été montée par Jean-Luc Revol avec finesse et précision. Pas question de faire rire grassement ni avec un autre propos que celui contenu dans le texte.
Dans cette badinerie autour d'un portrait d'homme maquillée en portrait de femme, on pourra voir l'influence de Marivaux, auquel d'ailleurs le futur auteur des "Confessions" avait soumis son texte.
On prendra plaisir à suivre cette comédie légère qui ne cherche qu'à distraire. Avec les costumes soignés d'Eymeric François, le décor joliment elliptique de Sophie Jacob baignant dans les douces lumières de Bertrand Couderc, Jean-Luc Revol l'a installée dans un dix-huitième siècle idéal.
Autour de Richard Bartolini, beau gosse crédible en Narcisse amoureux de son image, tous les comédiens vont et viennent entre ruses et intrigues, semblants et faux-semblants. Évidemment, la leçon portera ses fruits amoureux et, pour conclure cet agréable moment rousseauiste, tout finira par quelques pas de danse...
Concis, linéaire, amusant, "Narcisse ou l'Amant de lui-même" pourra être vu en compagnie de collégiens et de lycéens car cet avatar tardif du théâtre classique français en constitue paradoxalement une bonne introduction et une belle expression. |